Thème 2 - Des débuts de la génétique aux enjeux actuels des biotechnologies (10 semaines) - en cours de modification 2006


retour accueil, plan du cours de spécialité, thème 1 (géologie)

Mon souhait de ne pas m'impliquer dans l'histoire des sciences qui est un domaine trop spécifique pour qu'un petit professeur de SVT ose s'y aventurer à fait long feu. Un enseignant est obligé de s'impliquer. J'espère ne pas colporter trop d'idées fausses. Les sources sont citées. Cette page met à jour les idées présentées dans la page d'histoire de la génétique (obsolète) mais les met surtout en forme dans le respect du programme d'enseignement de terminale S, spécialité SVT.

Sources:
http://www.mendelweb.org/
http://www.mendelweb.org/MWsapp.html (texte intégral d'un article de Jan Sapp: The Nine Lives of Gregor Mendel, in Experimental Inquiries, edited by H. E. Le Grand, (Kluwer Academic Publishers, 1990), pp. 137-166)
TOUS les ouvrages de Jan Sapp sont sans aucun doute à recommander
mais je ne les ai pas lus: Beyond the Gene, New York: Oxford University Press, 1987; Genesis: The Evolution of Biology. New York: Oxford University Press,  2003 or Where The Truth Lies. Franz Moewus and the Origins of Molecular Biology. New York: Cambridge University Press, 1990.
Un cours de génétique accessible (avec pas mal de parties hors programme de TS)
http://www.edu.upmc.fr/sdv/masselot_05001/introduction/introduction.html

Plan de cette page:

Exercices corrigés complémentaires


partie 1: Une théorie de l'hérédité déjà ancienne

Ce qui importe ce n'est pas d'essayer de retrouver les motivations réelles de Mendel mais de démêler ce que les successeurs de Mendel ont fait du travail de Mendel et pourquoi il fût érigé en père fondateur de l'hérédité du XXème siècle.

1ère étape: Mendel, Johannsen et De Vries: les gènes, particules héréditaires

TD corrigé Mendel, Johannsen et De Vries

Les travaux de frère Grégor (Johann Mendel) publiés en 1866 s'insèrent dans une période de l'histoire de l'Europe favorable aux sciences qui a vu le développement de la théorie cellulaire (énoncée par Schwann et Schleiden en 1838-1839 et précisée par Virchov en 1858; tout être vivant est composé uniquement et au moins d'une cellule; toute cellule est issue d'une autre cellule). Dans la lignée du travail de nombreux sélectionneurs de races végétales et animales, Mendel réalise un travail que nos contemporains aiment à présenter comme un modèle du genre scientifique (hypothético-déductif ou hypothético-vérificatif), probablement de façon très peu historique (http://www.mendelweb.org/MWsapp.html): un travail basé sur une hypothèse (la transmission des caractères héréditaires aux descendants par des particules présentes chez les parents), prouvé par la réalisation et l'interprétation d'expériences rigoureuses de croisements chez le Pois (Pisum). C'est un des précurseurs de l'utilisation des statistiques dans l'analyses des résultats expérimentaux.

Les travaux de Mendel seront faussement (http://www.mendelweb.org/MWsapp.html) "redécouverts" et réinterprétés par une première génération de généticiens comme Bateson) qui a fortement contribué au mythe du père fondateur.. Ce sont des expérimentateurs, "discontinuistes" et tout d'abord non darwiniens, qui s'opposaient alors aux statisticiens "continuistes" et darwiniens. Hugo De Vries (travaille sur Oenothera lamarckiana et) nomme mutations les changements brusques de caractères observés dans la descendance (page complémentaire sur les mutations). L'histoire n'a pas retenu le terme de pangène donné par De Vries aux particules héréditaires mais elle a retenu celui de gène donné par le danois Johannsen (ainsi que phénotype et génotype).
Quelques dizaines d'années plus tard le darwinisme est incorporé au mendélisme, notamment par Fisher (1936).
Au début du XXème siècle on énonce 2 lois EN HOMMAGE à Mendel:
* 1ère loi: loi de pureté des gamètes (un hybride formé de deux traits d'un même caractère donnera en quantités égales des cellules sexuelles contenant soit l'un soit l'autre de traits de ce caractère) (voir TD).
* 2ème loi: loi de ségrégation indépendante des caractères (deux caractères indépendants, et qualifiés tous les deux de mendéliens, sont séparés indépendamment dans les gamètes et réunis indépendamment à la fécondation; ce qui se voit lors d'expériences de dihybridisme (voir TD). Cette loi n'est pas du tout universelle puisque de nombreux couples de caractères vont avoir une transmission non indépendante ou liée, ce qui sera la base de la théorie héréditaire reprise par Morgan.

2ème étape: Sutton et Boveri, Morgan et Sturtevant: les gènes, unités mutables appartenant à un groupe de liaison (le chromosome)

Remarque:
Dans cette nouvelle partie ont peut parler de caractères et de traits de caractères mais le terme d'allèle peut aussi être utilisé car il semble dater de 1902 (c'est à Bateson que l'on doit ce mot comme ceux d'homozygote, d'hétérozygote ou de génétique (1905); dans ce tout début du XXème la génétique devient une science à la mode et des chaires universitaires de génétique sont créées).

Il semble que ce soit Sutton (1903) et Boveri (1904) qui proposèrent pour la première fois d'associer les gènes aux chromosomes qui deviendraient ainsi supports de l'hérédité (Belin doc B4 p 125) (le comportement des chromosomes lors de la mitose a déjà été décrit par Flemming en 1879 mais c'est vraiment au cours du début de 20ème siècle que se développent les observations cytologiques).

N.B. le terme de chromosome désigne en cytologie une structure colorable qui contient un centromère, zone d'attachement des fibres kinétochoriales qui assurent son mouvement. Le chromosome n'existe donc que sous forme compacte et lors d'une division.

Thomas Morgan travaille sur les mutants de la mouche du vinaigre : Drosophila melanogaster. Après s'être opposé à la théorie chromosomique de l'hérédité, il en deviendra le fervent défenseur. Morgan obtient un mutant mâle aux yeux blancs (Belin doc A3 p 126) dans une population aux yeux rouges (caractère sauvage). Comme ce trait de caractère n'apparaît que chez le mâle, l'idée lui vient de l'associer à un chromosome sexuel car il existe, chez la drosophile comme chez l'homme, un déterminisme chromosomique du sexe: les femelles possédant une paire (XX) d'homologues (confirmé par N. Stevens, élève de Morgan, en 1909) et les mâles un chromosome X et un chromosome Y (Belin doc A2 p 126).

Annexe: autosomes et gonosomes

Les caractères associés aux chromosomes peuvent en première approximation être associés à n'importe quelle partie de chaque chromosome (à l'exception notable du centromère, de séquence très particulière, qui est la zone d'attachement des fibres kinétochoriales).
Chaque paire de chromosomes homologues (autosomes) associe les MÊMES CARACTÈRES (donc les mêmes gènes) qui, bien sûr, peuvent différer selon leurs allèles (différents s'ils sont hétérozygotes ou identiques chez les homozygotes).
Les chromosomes homologues sont qualifiés d'autosomes. Les chromosomes sexuels (gonosomes) ne sont homologues (chez la Drosophile et chez l'homme par exemple... mais il y a beaucoup de déterminismes génétiques différents dans le monde vivant) que pour la femelle (XX). Chez le mâle l'X et l'Y ne sont pas homologues, du moins sur toute leur longueur. Il existe en effet ce que l'on appelle une partie propre de l'X et une partie propre de l'Y.

  • Si un caractère est associé à la partie commune de l'X et de l'Y, sa transmission sera de mode autosomal (pas de différence avec un caractère associé à un autosome).
  • Si un caractère est associé à la partie propre de l'Y, il sera présent que chez les mâles et aura une transmission de type toujours dominant (quelque soit l'allèle présent il est toujours seul et peut donc être exprimé).
  • Si un caractère est associé à la partie propre de l'X, on dit que le caractère est "lié au sexe". Il n'est présent qu'en un seul exemplaire chez le mâle (qui ne porte qu'un X) car il n'est pas porté par l'Y.

Une représentation très théorique des gonosomes humains ou de la drosophile comparés à une paire d'autosomes (n°1). Un caractère présent sous deux allèles (A ou a) pourrait présenter les génotypes suivants selon qu'il est associé aux autosomes (1) ou aux gonosomes en position 2 (autosomale) ou 3 (lié au sexe).

Remarque:
Pour les curieux, je vous invite à consulter une
représentation plus exacte des gomosomes humains afin que vous compreniez un peu ce que le discours qui précède a de simplificateur.

1er exercice.
Avec ce que vous savez du support chromosomique de l'hérédité comment Morgan a-t-il pu obtenir des femelles à yeux blancs ?
(Belin doc B4 et B5 p 127).
Si le caractère couleur des yeux dont "yeux blancs" est l'allèle muté est lié au sexe, donc associé à la partie propre du chromosome X (voir ci-dessus), une femelle aux yeux blancs possède donc deux X associés à l'allèle "yeux blancs". Un X lui vient de son parent mâle et un X de son parent femelle. Son parent mâle était donc à yeux blancs et son parent femelle hybride à yeux rouges. Pour obtenir une femelle hybride à yeux rouges il faut croiser un mâle à yeux blancs avec une femelle sauvage (voir F3 dans le cadre ci-dessous).

Faites une analyse formelle (avec un tableau présentant les types de gamètes et les phénotypes des descendants... avec leurs pourcentages respectifs attendus). Vous noterez "+" l'allèle sauvage "yeux rouges" et "w" l'allèle muté "yeux blancs". Les allèles portés par deux chromosomes homologues sont placés de part et d'autre d'une barre de fraction (simple ou double). "y" ou un "crochon" () peut désigner le chromosome Y (pour les tableaux typographiés on utilisera une double barre oblique et le y pour le chromosome Y).

2ème exercice
Faire une analyse formelle du croisement "femelle yeux blancs par mâle yeux rouges" (
Belin Doc B5 p 127).

femelle +//+ x w//y mâle
femelle w//w x +//y mâle
F1

w
y
+
+//w
+//y

toutes les femelles ont les yeux rouges (+//w) ainsi que tous les mâles (+//y)

+
y
w
+//w
w//y
toutes les femelles sont hybrides et ont les yeux rouges (+//w) et tous les mâles ont les yeux blancs
F2
femelles +//w x +//y mâles

+
y
+
+//+
+//y
w
w//+
w//y
femelles à yeux rouges (pour moitié +//+ et pour moitié w//+)
mâles pour moitié à yeux rouges (+//y) et pour moitié à yeux blancs (w//y)

femelles +//w x w//y mâles

w
y
+
+//w
+//y
w
w//w
w//y
femelles pour moitié hybrides à yeux rouges (+//w) et pour moitié à yeux blancs (w//w); mâles pour moitié à yeux rouges (+//y) et pour moitié à yeux blancs (w//y)

F3

+
y
+
+//+
+//y

+
y
+
+//+
+//y
w
w//+
w//y

w
y
+
+//w
+//y

w
y
+
+//w
+//y
w
w//w
w//y
,

les femelles à yeux blancs (w//w) apparaissent chez 1/16 des femelles et les mâles aux yeux blancs (w//y) chez 1/8 des mâles, en supposant que chaque croisement se réalise avec la même probabilité et que la proportion de mâles et de femelles est la même pour tous les croisements (cela fait beaucoup d'hypothèses et l'on comprendra que ces valeurs sont tout à fait théoriques... il ne s'agit d'ailleurs pas ici de probabilités au sens strict mais de proportions théoriques).

Remarques:
* Ces expériences sont historiquement le point de départ de nombreuses études qui conforteront la théorie chromosomique de l'hérédité.
* Une mutation est une anomalie génétique conservée (non réparée) lors de la reproduction. Il faut qu'elle touche donc les cellules spécialisées (lignée germinale) ou les premières étapes du développement. Ensuite il faut qu'elle s'exprime (il vaudrait mieux dire qu'elle modifie l'expression phénotypique habituelle de la cellule) c'est-à-dire que par exemple, dans le cas des yeux blancs, elle provoque un arrêt de la synthèse du pigment rouge normalement synthétisé par les yeux sauvages. On notera que si l'allèle "yeux blancs" peut correspondre à une mutation très ponctuelle au niveau d'un gène il ne faut pas penser que l'allèle "yeux rouges" est dû à lui seul au fonctionnement du gène non muté. Les termes d'allèles n'ont pas la même signification pour un allèle sauvage et un allèle muté. C'est pour cela que la notation "w+" par exemple pour désigner l'allèle sauvage par opposition à l'allèle muté (yeux blancs = white) est à déconseiller.

Morgan découvre avec ses collaborateurs d'autres mutations dont ils étudient la transmission héréditaire. Elles forment 4 groupes de liaison: c'est-à-dire qu'elles ne se répartissent pas au hasard dans les descendants mais qu'elles présentent une liaison (linkage, en anglais): elles ont tendance à rester associées. Ils émettent alors l'hypothèse que ces quatre groupes de liaison sont assimilables aux 4 paires de chromosomes de la drosophile. La liaison étant donc "simplement le résultat mécanique de la localisation des gènes dans les chromosomes" (groupes présentés en 1915 - Belin B3 p 129).
Cette théorie s'est trouvée confirmée pour de très nombreux caractères chez d'autres organismes eucaryotes chez qui l'on a étudié la transmission de caractères héréditaires (Pois, Muflier, Maïs...).

3ème exercice:
Donnez les fréquences attendues pour un croisement entre un mâle sauvage (corps gris et yeux rouges) et une femelle double mutante au corps noir et aux yeux marron-sombre (F1) puis un test-cross (F1 par le parent double récessif) si ces deux couples d'allèles étaient indépendants. Même question avec le sexe opposé. On notera les allèles dominants "+" et les allèles récessifs "eb" (corps noir = ebony) et "cn" (oeil marron sombre = cinnabar). Comparez avec quelques résultats obtenus par Morgan (
Belin B2 p 129). Que pouvez-vous en déduire ? Quelles hypothèse pouvez-vous émettre sur le degré de liaison entre les caractères appartenant à un même groupe de liaison ?

Il est à noter que les caractères choisis sont associés à des autosomes et ne sont donc pas liés au sexe.

Hypothèse 1

caractères "couleur du corps" et "couleur des yeux" indépendants

(étant donné que les deux caractères sont indépendants, on notera leurs allèles de part et d'autre d'une double barre oblique pour chaque caractère successivement)

mâle (+//+ +//+) x (eb//eb cn//cn cn) femelle

F1

+ +
eb cn
+//eb +//cn

toutes les descendants ont le corps gris (ils sont hybrides +//eb) et les yeux rouges (ils sont hybrides +//cn)

Pour ce test-cross le sexe de l'un ou l'autre des parents importe peu.

test-cross
(+//eb +//cn) x (eb//eb cn//cn)

+ +
+ cn
eb +
eb cn
eb cn
+//eb +//cn
+//eb cn//cn
eb//eb +//cn
eb//eb cn//cn
chaque type est représenté dans la population avec une fréquence de 25% soit 1/4 des descendants

Hypothèse 2

caractères "couleur du corps" et "couleur des yeux" liés

(étant donné que les deux caractères sont liés, on notera leurs allèles de part et d'autre d'une seule double barre oblique)

mâle (+ + // + +) x (eb cn // eb cn) femelle

F1

+ +
eb cn
+ + // eb cn

toutes les descendants ont le corps gris et les yeux rouges (ils sont hybrides pour chaque caractère)

Pour ce test-cross le sexe des parents est important car il n'y a pas de recombinaison chez le mâle de drosophile, c'est-à-dire que les caractères sont toujours liés de façon statistiquement absolue

test-cross

femelle (+ + // eb cn) x (eb cn // eb cn) mâle

,
parentaux (1-x)
recombinés (x)
(1-x)/2
(1-x)/2
x/2
x/2

+ +
eb cn
+ cn
eb +

eb cn

+ + // eb cn
eb cn // eb cn
+ cn // eb cn
eb + // eb cn
les caractères restent liés chez les descendants mais partiellement: les types parentaux, c'est-à-dire qui possèdent les couples d'allèles des parents, sont les plus fréquents (chacun avec une fréquence de 1/2-x/2); les couples d'allèles dits recombinés, car ils recombinent les allèles parentaux, sont les moins fréquents (avec chacun une fréquence de x/2). La fréquence de recombinaison (x) ne doit jamais atteindre 0,5 sinon 1-x = x et donc les caractères se "comportent" statistiquement comme des caractères indépendants. Ils ne sont plus liés statistiquement, ce qui était notre hypothèse de départ.

NB: Avez-vous bien compris que la liaison est ici statistique ?
La liaison est une association entre un caractère et un chromosome
(dont on ne connaît pas encore, à cette étape historique, le lien physique, qui sera l'ADN); la liaison la plus étroite (absolue) donnerait un pourcentage de recombinaison nul (comme chez le mâle de drosophile); la liaison la plus lâche donnerait un pourcentage de recombinaison (type recombiné) égal au pourcentage de non recombinaison (type parental), ce qui signifierait que les caractères étudiés sont statistiquement indépendants. Le chromosome est bien ici une notion statistique: c'est une groupe de liaison dont les caractères sont liés par des taux supérieurs aux taux de recombinaison entre caractères. On associe ensuite ce groupe de liaison statistique à la structure cytologique "chromosome", ce qui constitue une théorie chromosomique de l'hérédité.

mâle (+ + // eb cn) x (eb cn // eb cn) femelle

,
parentaux
1/2
1/2

+ +
eb cn
eb cn
+ + // eb cn
eb cn // eb cn
Comme il n'y a pas de recombinés chez le mâle de drosophile, les caractères restent liés chez les descendants et seuls les types parentaux, c'est-à-dire qui possèdent les couples d'allèles des parents sont représentés (chacun avec une fréquence de 1/2)

Analyse des résultats de Morgan
femelle (+ + // eb cn) x (eb cn // eb cn) mâle

,
parentaux (1-x)
recombinés (x)
(1-x)/2
(1-x)/2
x/2
x/2

+ +
eb cn
+ cn
eb +
eb cn
+ + // eb cn
eb cn // eb cn
+ cn // eb cn
eb + // eb cn
Morgan
46%
43,7%
5,2%
5,1%
Les caractères sont clairement liés et le degré de liaison est évalué par le pourcentage de recombinaison (x = 5,1% + 5,2% =10,3%)

La liaison partielle obtenue pour certains gènes (ceux étudiés ci-dessus par exemple) à conduit Morgan à proposer l'hypothèse de la disposition linéaire des gènes sur le chromosome.
Certains caractères, appartenant au même groupe de liaison se séparent tout de même lors de la formation des gamètes. Une première hypothèse cytologique, toujours en vigueur actuellement, a été de proposer un mécanisme d'enjambement des chromosomes ou crossing-over à la prophase de la méiose (Belin p 130). Le mécanisme du crossing-over est cependant encore loin d'être élucidé.

Quelques remarques:
1 - Un taux de 50% de recombinaison ne peut en principe pas être atteint car cela correspond à deux gènes indépendants statistiquement. Il ne faut pas oublier que la notion de caractères liés est une notion statistique. Vu de cette manière, le chromosome est un groupe de liaison.
2 - Les crossing-over ne peuvent pas être vus, si ils existent, lorsqu'ils affectent deux chromatides d'une même chromosome ou lorsqu'ils affectent des gènes homozygotes (c'est-à-dire présentant les mêmes allèles sur la paire d'homologues d'un individu).
3 - Pourquoi le mâle de drosophile présente-t-il une liaison absolue de ses gènes (pas de crossing-over) alors qu'il semble que la liaison partielle soit la règle et est la plupart du temps identique chez les deux sexes ?

4ème exercice:
Chiffrez le pourcentage de recombinaison entre les caractères partiellement liés vus dans l'exercice précédent. Les caractères indépendants se séparent dans les gamètes, les liés restent ensemble mais se séparent partiellement, on dit qu'ils se recombinent (sous entendu avec d'autres caractères).

La dernière hypothèse de Morgan et des ses collaborateurs est que les crossing-over ont autant de chance de se produire en tout point du chromosome. Ainsi le taux de recombinaison (c'est-à-dire la fréquence des crossing-over dans leur modèle) entre deux gènes est indépendant de la nature de chaque gène, il ne dépend que de leur position relative sur le chromosome, ce qui revient à dire que le crossing-over est un phénomène mécanique. Ainsi plus les loci (locus = emplacement) de deux gènes sont éloignés, plus leur distance génétique est élevée, plus le taux de recombinaison sera grand. Morgan et ses collaborateurs établissent ainsi des cartes factorielles qui sont la schématisation des positions respectives des gènes évaluées à partir des pourcentages de recombinaisons. Morgan présente avec Alfred Sturtevant en 1913 la première carte génétique. Depuis on a défini le centiMorgan (cM) comme unité de recombinaison: 1 cM étant égal à 1% de crossing-over.

5ème exercice: (Belin p 131)
TP5 Nathan p 66-67 Activité 1 et 2; Belin n°7 p 141

TP5 Nathan p 66-67 Activité 2 - Des croisements entre variétés de tomates

gène

caractères

allèle sauvage
allèle muté, récessif
1

uniformité de la couleur de la feuille

vert uni
+
tachetée
t
2

taille du plant

standard
+
naine
n
3

peau du fruit

lisse
+
veloutée
v

Pour les trois gènes, l'allèle sauvage est dominant sur l'allèle muté, parce que en F1, tous les individus sont de phénotype sauvage [+ + +].

Le phénotypes sont notés entre crochets [ffffff].

On notera que les trois gènes associés à des trois caractères sont liés (appartiennent au même groupe de liaison ou chromosome) parce que les individus issus du test-cross d'un individu de la F1 avec un double récessif pour les trois gènes considéré, présentent des phénotypes (8 différents) qui ne sont pas en proportions égales. C'est donc bien que ces trois gènes sont plus ou moins liés entre eux.

On notera donc les trois allèles portés par chaque chromosome homologue de part et d'autre d'une simple (ou double ici) barre de fraction (ici oblique).

+ + + // + + + x t n v // t n v

F1
+ + + // t n v

test-cross
(parent hybride issu de F1 x double récessif pour chacun des trois gènes)
+ + + // t n v x t n v // t n v

+ + +
t n v
+ n v
t + +
+ + v
t n +
+ n +
t + v
t n v
[ + + +]
[ t n v ]
[ + n v ]
[ t + + ]
[ + + v ]
[t n + ]
[+ n + ]
[ t + v ]
nombre de plants

sur 1000

417
425
55
59
16
20
3
5

La distance entre les gènes 1 et 2 est mesurée dans notre modèle morganien par le pourcentage de recombinaison. Les gamètes du parent hybride (issu de la F1) associent les allèles + avec + d'une part et t avec n d'autre part. Les recombinaisons sont donc réalisées par des associations + avec n et t avec + (notées en bleu dans le tableau). Il suffit donc d'additionner le nombre de plants présentant ces recombinaisons et de le diviser par le nombre total de plants pour obtenir une évaluation de la distance entre les deux gènes.

d1-2 =( 55 + 59 + 3 + 5 )/ 1000 = 12,2%

De la même manière, la distance entre les gènes 2 et 3 est mesurée dans notre modèle morganien par le pourcentage de recombinaison. Les gamètes du parent hybride (issu de la F1) associent les allèles + avec + d'une part et n avec v d'autre part. Les recombinaisons sont donc réalisées par des associations + avec v et n avec +. Il suffit donc d'additionner le nombre de plants présentant ces recombinaisons et de le diviser par le nombre total de plants pour obtenir une évaluation de la distance entre les deux gènes.

d2-3 =(16 + 20 + 3 + 5 )/ 1000 = 4,4%

Pour la distance entre les gènes 1 et 3, on procède de la même manière mais il faut faire attention à ne pas oublier des recombinaisons cachées. En effet, si les associations + avec v et t avec + sont bien des recombinaisons, il ne faut pas oublier que l'association + avec + et t avec v peut être parentale mais aussi issue d'un double crossing-over, une fois entre les gènes 1 et 2 et l'autre fois entre les gènes 2 et 3. Normalement ces cas de faux parentaux ne sont pas visibles, sauf, comme dans le cas ici présent, lorsque les gènes considérés sont séparés par un autre gène pour lequel on a déjà des recombinaisons. Ainsi les deux derniers phénotypes associent bien les allèles parentaux pour les gènes 1 et 3 mais pas pour les gènes 1 avec 2 ni 2 avec 3; il faut donc les compter doublement pour le calcul de la distance entre les gènes 1 et 3. Je vous rappelle que la distance génétique estimée ici repose sur le pourcentage de recombinaison entre les deux gènes. S'il y a eu deux crossing-over entre deux gènes, cela signifie qu'ils sont éloignés d'autant et qu'il faut prendre en compte dans le calcul de la distance ces deux crossing-over. On obtient alors:

d1-3 =(55 + 59 +(2x3) + (2x5) + 16 + 20 )/ 1000 = 16,6%

Ce qui permet de dessiner la "carte génétique" de ce chromosome de tomate


Les distances exprimées en % de recombinaison pourraient aussi être exprimées en cM ou unités de recombinaison.

TP5 Nathan p 66-67 Activité 1 ou Belin exercice n°7 p 141 - Localisation de trois gènes sur un chromosome

Cet exercice est identique au précédent mais il comporte deux difficultés supplémentaires...

gène

caractères

allèle sauvage
allèle muté, récessif (notations officielles entre parenthèses, par simplification j'utilise celle de votre livre)
1

couleur de l'œil

rouge
+
vermillon
v
2

structure de l'aile

avec veine transversale
+
sans veine transversale
sv (cv)
3

forme du bout des ailes

lisse
+
incisé (cut)
i (ct)

Pour les trois gènes, l'allèle sauvage est dominant sur l'allèle muté, parce que en F1, tous les individus sont de phénotype sauvage [+ + +].

Le phénotypes sont notés entre crochets [ffffff].

On notera que les trois gènes associés à des trois caractères sont liés (appartiennent au même groupe de liaison ou chromosome) parce que les individus issus du test-cross d'un individu de la F1 avec un double récessif pour les trois gènes considéré, présentent des phénotypes (8 différents) qui ne sont pas en proportions égales. C'est donc bien que ces trois gènes sont plus ou moins liés entre eux.

On notera donc les trois allèles portés par chaque chromosome homologue de part et d'autre d'une simple (ou double ici) barre de fraction (ici oblique).

1ère difficulté: notez bien que, si les parents sont bien de souche pure, ils ne sont pas sauvages ni mutés en même temps pour chaque gène.

+ sv i // + sv i x v + + // v + +

F1
+ sv i // v + +

test-cross
(parent hybride issu de F1 x double récessif pour chacun des trois gènes)
+ sv i // v + + x v sv i // v sv i

+ sv i
v + +
+ + +
v sv i
+ sv +
v + i
+ + i
v sv +
v sv i
[ + sv i ]
[ v + + ]
[+ + + ]
[ v sv i ]
[ + sv + ]
[ v + i ]
[+ + i ]
[v sv + ]
nombre d'individus

sur 1448

592
580
94
89
5
3
40
45

Sans refaire toute l'analyse précédente on peut immédiatement noter que pour les 4 derniers phénotypes il se passe quelques chose d'anormal par rapport à l'exercice précédent. En effet le nombre d'individus recombinés avec un seul crossing over entre les gènes 2 et 3 (5+3 = 8) est bien inférieur à celui qui recombinent à la fois les gènes 1-2 et 2-3 soit (40+45 = 85). Ceci n'est possible qu'en supposant que les gènes ne sont pas dans le bon ordre et que les distances 1-3 et 2-3 sont inférieures à 1-2. C'est la seconde difficulté. C'est donc qu'il n'y a qu'un crossing-over pour les phénotypes [+ + i ] et [v sv + ] mais deux pour les phénotypes [ + sv + ] et [ v + i ].

En utilisant le même raisonnement que dans l'exercice précédent, on a donc:

d1-2 =( 94 + 89 + (2x5) + (2x3) + 40 + 45 )/ 1448 = 19,6%

d2-3 =(40 + 45 + 5 + 3 )/ 1448 = 6,4%

d1-3 =( 94 + 89 + 5 +3 )/ 1448 = 13,2%

Ce qui permet de dessiner la "carte génétique" de ce chromosome de drosophile


Les distances exprimées en % de recombinaison pourraient aussi être exprimées en cM ou unités de recombinaison.

Remarques:
* Les exercices scolaires pour le baccalauréat sont TRAFIQUÉS afin d'avoir des distances qui se somment algébriquement (ce qui n'est habituellement pas le cas, ce que l'on explique par le présence des crossing-over doubles indécelables, laissant invariant la liaison chromosomique entre les deux loci étudiés: les distances génétiques sont toujours sous-évaluées par rapport aux distances cytologiques).
* À lire: la drosophile, l'outil des généticiens...

Certaines mutations ont aussi un support chromosomique qui peut être mis en évidence par les techniques de colorations de bandes des chromosomes. On établit ainsi une carte cytologique des gènes associés aux mutations.
Il ne faut pas confondre (Belin p 133):
* la carte factorielle (appelée aussi génétique ou encore chromosomique), établie par des méthodes statistiques, et
* la carte cytologique établie par hybridation de sondes radioactives ou par observation de modification de bandes colorées après mutation.
Globalement, la correspondance est bonne si l'on s'en tient à la disposition linéaire des gènes. Par contre les distances sont nettement différentes. Mais la carte cytologique n'est pas beaucoup plus précise que la carte factorielle. On ne connaît pas le degré de compaction de l'ADN dans les chromosomes polytènes... En tout cas on ne devrait employer le terme de carte chromosomique que lorsque l'on tient compte à la fois des données statistiques et cytologiques.

On pourra consulter avec profit les pages de l'UMPC (Université de Paris 6): http://www.edu.upmc.fr/sdv/masselot_05001/cartographie/cartographie.html.

En conclusion
Les gènes sont des unités de mutation et de recombinaison: un gène est une unité mutable appartenant à un groupe de liaison (statistique) : le chromosome.
La plupart des caractères matériels peuvent être associés à un ou plusieurs gènes chromosomiques. Les gènes mendéliens (pangènes) et gènes morganiens sont des notions qui se recoupent mais ne se superposent pas. Pour désigner la génétique chromosomique utilisée dans ce chapitre, on peut parler d'un modèle héréditaire chromosomique.

Exercice d'application de type bac: énoncé, corrigé, présentant notamment les résultats de Calvin Bridges (Bridges, C. B. 1914. Direct proof through non-disjunction that the sex-linked genes of Drosophila are borne on the X-chromosome, Science, N. S. Vol. XL: 107-109) qui apportent une confirmation expérimentale de l'association des gènes, particules héréditaires, avec le chromosome, structure colorable de la cellule (l'article est disponible traduit à l'adresse : http://www.ac-amiens.fr/pedagogie/svt/info/hist_genet/Bridges.html).

3ème étape: Garrod, Beadle et Tatum, Griffith, Avery.... le gène unité fonctionnelle et la théorie de l'information génétique

Avant tout, il est indispensable de comprendre que les apports de la biologie moléculaire du gène se sont fait DANS LE CADRE DE LA THÉORIE CHROMOSOMIQUE DE L'HÉRÉDITÉ qui n'est donc pas, à ce jour (en 2006), remise en cause, du moins par la majorité des généticiens. Je m'inscris en faux contre l'affirmation du programme selon laquelle la biologie moléculaire constitue une nouvelle rupture. La preuve de cette absence de rupture est bien que l'on continue toujours d'utiliser le formalisme morganien pour les allèles. La notion de gène, unité fonctionnelle se surimpose à la notion de particule héréditaire mais n'est pas du tout en rupture avec elle.

Les premières étapes qui on conduit à la notion de gène, unité fonctionnelle puis de la découverte de l'ADN et de la liaison entre l'ADN, l'ARN et les protéines, ne peuvent faire l'objet de questions à l'examen (elles ont été rapidement étudiées (même si ce n'est pas dans leur aspect historique) en seconde puis en 1èreS); je laisse donc chacun libre de se cultiver... Elles sont résumées dans le Nathan sur une double page (p 74-75) et plus détaillées dans le Belin (pp 144-151). Elles sont aussi plus développées dans la page sur la génétique de ce site (devenue obsolète en 2006, un nouveau cours est en préparation).

La naissance de ce qui est devenu le paradigme* de l'information génétique est plus difficile à situer historiquement. Voir à ce sujet la page sur la génétique. Toute l'information nécessaire pour construire le vivant serait contenue dans ses gènes qui contiendrait en quelque sorte le programme du vivant. En transmettant des gènes les parents transmettent à la fois les caractères de l'espèce et ceux qui déterminent l'individu.

Ce n'est pas une théorie héréditaire, c'est une théorie partielle du vivant qui fusionne indûment la notion d'information et de cause (voir ci-dessous). La causalité étant supposée évidente au regard d'une matière toute puissante. Elle est indissociable d'un matérialisme (voir par exemple l'article "forme" de Jean Petitot dans l'Encyclopédie Universalis ou la page de ce site sur les modèles). Ce paradigme est actuellement en cours d'abandon. Le cours de ce site apporte de nombreux éléments qui vont dans le sens d'une vue plus ouverte du vivant. L'information génétique n'est qu'une des composantes du vivant. En utilisant un vocabulaire classique on peut dire qu'il faut lui associer une information cytoplasmique et une information environnementale. De plus l'information ne décrit pas seule le vivant, il faut lui associer la matière et l'énergie. Dans ces pages le concept unificateur est celui de travail. Un travail de nutrition, de relation et de reproduction. Voir pour des généralités le cours de seconde et pour un approfondissement sur l'information génétique, le cours le 1èreS. En voici un résumé sous forme de deux schémas: La vie est un triple travail de nutrition, de reproduction et de relation; c'est un mouvement d'énergie, de matière et d'information (cours de 2nde).
L'information génétique au cœur de la vie (cours de 1èreS).

Remarque (le 1/05/2005):
Un article de S. Lolle et R. Pruitt paru dans la revue scientifique Nature (Nature 434, 505 - 509 (24 March 2005)) met en lumière le fait considéré comme de plus en plus courant qu'il existe des réversions de certains gènes associés à des protéines. Une réversion apparemment dirigée consiste chez un individu présentant un gène muté identifié, à récupérer (par un procédé inconnu mais les auteurs proposent l'hypothèse d'une matrice d'ARN transmise par une hérédité non mendélienne...), au bout de quelques générations, une ou deux copies du gène ancestral non muté. La fréquence des réversions peut atteindre quelques dizaines de % des descendants. Ici, ces chercheurs ont travaillé sur le modèle génétique usuel qui est une petite plante: Arabidopsis thaliana, à partir d'un gène HOTHEAD (HTH) associé à une protéine ACE (ADHESION OF CALYX EDGES) de 594 aa intervenant dans la signalisation cellulaire et située pour une bonne part vers l'extérieur de la cellule; cette protéine possède une activité enzymatique (de type mandelonitrile lyase qui semble être une propriété très générale de nombreuses protéines extracellulaires... voir La Recherche, 386, mai 2005, pp14-15). Le gène HTH associé est exprimé dans les fruits, les racines, l'inflorescence, les fleurs, la feuille et la tige; on, connaît une impressionnante liste de 22 mutants dont ceux étudiés par cette équipe. La quasi intégralité (il manque au moins quelques figures...) de l'article en anglais peut être consultée à l'adresse:
http://www.euchromatin.com/Pruitt01.htm mais il ne peut s'adresser qu'à des enseignants de SVT ayant un bon niveau de génétique et je ne pense pas qu'il apporte quelque lumière supplémentaire. Il peut être complété par les données du site http://www.arabidopsis.org/ pour les gènes clonés et leurs produits.

Ajout février 2006
À la suite de mon effort de compréhension de la vision thomienne de la vie (voir
page sur les modèles de René Thom), je pense qu'un nouveau paradigme pourrait voir le jour. Le matériel génétique ne serait que la trace stable des dynamiques de l'organisme vivant. Le chromosome et secondairement l'ADN serait en quelque sorte l'œil du cyclone métabolique, le point stable des catastrophes au sens de Thom. Ce n'est pas la matière qui importe c'est ce dont elle est la trace. C'est ainsi que lorsque l'on croît voir dans l'ADN un code de l'identité de l'individu, de ses capacités et des ses maladies, cela ne serait pas une véritable erreur. Mais il faudrait alors considérer l'ADN comme le résultat des dynamiques de l'organisme. Une matière qui garderait ainsi la trace de l'état physiologique et serait aussi un miroir des événements passés. Non pas comme un élément qui CAUSE mais comme un éléments qui INDIQUE les phénomènes dynamiques, présents et passés, complexes et intriqués.... Le gène moléculaire ne serait plus un code, ni une matière manipulée mais le résultat signifiant de la dynamique de l'être vivant.
Un ADN transféré seul aurait alors une autre signification que celle d'un ordre. Pourquoi pas un signal. Les organismes sélectionnés après transfert par vecteur seraient ceux qui se sont adaptés et ont modifié leurs réseau métabolique de telle façon que tel ou tel caractère apparaisse, dont la trace serait précisément l'apparition de cet ADN. Pour les bactéries l'ADN serait peut-être lié de façon beaucoup plus étroite au réseau dynamique, ce qui permettrait peut-être d'agir directement sur le réseau un introduisant un ADN étranger ou en utilisant le fait que les cellules bactériennes réagissent en s'adaptant à la présence de tout ADN étranger dans le milieu. L'ADN étant vu comme un moyen habituel de communication entre organismes (ou l'ARN, sans oublier le rôle des virus). Tout organisme s'adaptant aux organismes voisins en fonction de leur métabolisme, peut être notamment à l'aide du
signal ADN. Dans ce cas l'ADN aurait aussi le sens de signal DÉCLENCHEUR mais uniquement pour de l'ADN étranger qui pénétrerait dans un organisme. Ce rôle de signal serait certainement très important in vitro pour des cellules eucaryotes en culture mais perdrait toute signification globale chez un pluricellulaire. Mais par contre les virus et autres particules génétiques pourraient garder ce rôle de signal qui déclencherait un réponse de l'organisme. Une sorte de moyen de communication au sein de la population. On verrait ainsi une grippe générée par un individu affaibli comme un signal transmis à toute une population comme signe de souffrance. Si l'on compare avec une substance nutritive qui serait libérée dans le milieu, le rôle de l'ADN n'est pas très différent. Plongé dans un milieu auquel on fournit sans cesse du glucose l'organisme adapte son métabolisme. Plongé dans un milieu où circulent des fragments d'ADN, l'organisme adapte ses dynamiques à ces traces des dynamiques voisines qu'il considère comme issues de cadavres (de cellules ou d'organismes).

partie 2: Des biotechnologies génétiques surévaluées

Les techniques de ce qu'il convient d'appeler le génie génétique permettent de manipuler les gènes et dans une certaine mesure le vivant. Les succès obtenus sur les Procaryotes et sur quelques organismes-modèles eucaryotes ont pu faire penser à certains qu'ils détenaient les clés du vivant. On est loin du compte.

1. Les outils des biotechnologies génétiques

On désigne par "technologie de l'ADN recombinant" les techniques de manipulation de l'ADN mises au point à partir des années 1970 et l'on réserve habituellement le terme de génie génétique aux manipulations génomiques appliquées. (On notera que le terme "génie génétique" est nettement moins péjoratif que "manipulation génétique" qui fût le premier terme employé). Le génie génétique est un ensemble de techniques permettant de former de nouvelles combinaisons d'ADN susceptibles d'être insérées dans une cellule vivante et y être exprimées.
Maintenant on parle souvent de génomique, qui désigne la science des gènes et des techniques de la génomique pour désigner la technologie.

Voici un aperçu très simplifié des principales techniques regroupées sous le terme de technologie de l'ADN recombinant :
Technologie de l'ADN recombinant... quelques techniques

couper l'ADN

les endonucléases ou endonucléases de restriction ou enzymes de restriction peuvent in vitro couper spécifiquement une séquence d'ADN (double brin)
Les enzymes de restriction ou endonucléases de restriction :

on nomme ainsi toute molécule capable de dégrader de façon spécifique tout ADN étranger. Elles ont été isolées chez les bactéries qui dégradaient rapidement les ADN des virus (bactériophages) qui leur injectaient leur ADN : ces bactéries résistantes aux virus, restreignant la croissance de ceux-ci, furent isolées et cultivées. On pu alors extraire de leur cytoplasme des enzymes dites de restriction (qui provoquaient une restriction de croissance du virus). Il semblerait que les cellules bactériennes se protègent contre leur propres enzymes de restriction en modifiant chimiquement leur ADN par méthylation. Actuellement les biologistes moléculaires pensent que la méthylation est un moyen pour la cellule procaryote de reconnaître son propre ADN. Chez les eucaryotes la méthylation est interprétée comme un marqueur de l'activité des gènes... voir à ce sujet par exemple les Ch 415 et 27 de Gènes de B. Lewin).

nom
organisme
* = sites de coupure
commentaires
AluI
Arthrobacter luteus
5'-----A G*C T-----
--------T C*G A-----5'
F

C - donnent deux "bouts collants" (extrémités cohésives) puisqu'elle ne coupe pas les deux brins de la chaîne d'ADN au même endroit (c'est un avantage car en traitant avec la même nucléase l'ADN à insérer et le vecteur on prépare leur recombinaison, mais c'est aussi un inconvénient car des fragments peuvent se réassocier...)

F - coupure "franche" sans "bouts collants"

5' désigne l'extrémité dite 5' du brin d'ADN; ce sont les carbones du désoxyribose qui sont ainsi numérotés; à l'extrémité 5' du brin d'ADN il y a un groupement phosphate dont une des liaisons est disponible. Le phosphate du nucléotide de l'extrémité 3' est engagé dans une liaison avec le nucléotide suivant.

BamHI
Bacillus amyloliquefaciens H
5'-----G*GATC C-----
---------C CTAG*G---5'
C
BgIII
Bacillus globiggi
5'-----A*GATC T----
---------T CTAG*A---5'
C
EcoRI
Escherichia coli
5'-----G*AATT C-----
---------C TTAA*G---5'
C
EcoRII
5'-----*CCTGG ----
--------- GGACC*---5'
C
EcoRIII
5'-----G*CCTG C-----
---------C GACC*G---5'
C
HaeIII
Hæmophilus ægyptus
5'-----G G*C C-----
--------C C*G G-----5'
F
HindIII
Hæmophilus influenzæ b
5'-----A*AGCT T-----
---------T TCGA*A---5'
C
HpaI
Hæmophilus parainfluenzæ
5'-----GT T *A AC-----
--------CA A*T TG-----5'
F
PstI
Providencia stuartii
5'-----C*TGCA G----
---------G ACGT*C---5'
C
SalI
Streptomyces albus
5'-----G*TCGA C----
---------C AGCT*G---5'
C

On remarquera que les séquences reconnues sont généralement de 6 paires de bases.

Remarque: On connaît des endonucléases qui coupent les ARNm.

coller l'ADN

(recombiner)

les ligases sont des enzymes faisant intervenir l'énergie de l'ATP (molécule + ATP <==> ADP + molécule - P) ou d'un autre nucléoside triphosphate (GTP, UTP...). Certaines ligases sont capables in vitro de lier deux molécules d'ADN par liaisons covalentes (une sur chaque brin). Si leurs extrémités sont cohésives et complémentaires on peut ainsi former une molécule d'ADN hybride avec deux ADN provenant d'organismes différents (ADN chimère). C'est notamment le cas de l'insertion d'un ADN étranger, isolé par une enzyme de restriction ER, dans un plasmide coupé par cette même enzyme de restriction ER.
Dans le cas où les extrémités ne sont pas cohésives, on peut les rendre cohésives à l'aide d'une enzyme (transférase terminale) capable d'ajouter (en 3') une chaîne monospécifique de nucléotides (poly A ou poly T par exemple). Il existe aussi une ADNligase réalisant des ligatures entre molécules d'ADN à bouts francs (extraite du phage T4).

dupliquer (multiplier, cloner) l'ADN

* multiplication in vivo par l'ADN polymérase
la multiplication d'une séquence d'ADN était auparavant conditionnée par son insertion dans un vecteur d'insertion (virus ou plasmide) que l'on introduisait à son tour dans un vecteur de multiplication (bactérie ou cellule eucaryote comme la levure) qui, en se multipliant, reproduisait la séquence d'ADN insérée (génie génétique). Cette technique est connue sous le nom de clonage d'un gène (isolement, insertion, multiplication).
* multiplication in vitro par amplification enzymatique par l'ADN polymérase extraite d'une bactérie thermophile. C'est notamment la technique de l'ACP (amplification en chaîne par polymérase: ce terme doit remplacer en français la PCR (polymérisation en chaîne de l'ADN): http://www.education.gouv.fr/bo/2007/1/CTNX0609645K.htm) qui permet de produire de grandes quantités d'un fragment d'ADN sans le cloner.

synthétiser de l'ADN

la synthèse se différencie de la multiplication par le fait que l'on procède à partir de nucléotides et non d'ADN. De plus cette synthèse d'ADN artificiel peut être contrôlée de façon à obtenir de l'ADN de séquence déterminée. Cette technique n'est au point que pour des oligonucléotides (quelques dizaines de nucléotides).
Les oligonucléotides peuvent servir d'amorce pour des synthèses dirigées d'ADN. Ainsi, on peut réaliser une synthèse dirigée d'ADN in vivo à la suite de l'insertion d'un oligonucléotide portant par exemple une modification que l'on souhaite conserver dans un gène. Par exemple dans le cadre de mutations dirigées (mutagenèse dirigée) on hybride un oligonucléotide spécifique (amorce) avec un ADN monocaténaire comportant le gène que l'on désire modifier. Par l'ADN polymérase on synthétise in vitro un ADN bicatéanaire comportant la mutation souhaitée (sur un seul des brins).

dénaturer l'ADN

la dénaturation de l'ADN est la séparation des deux brins (par rupture des liaisons hydrogène) ; elle s'obtient par simple chauffage modéré (vers 60°C) et est alors réversible. A plus haute température il peut y avoir rupture des liaisons covalentes entre et à l'intérieur des nucléotides et les brins sont altérés; la dénaturation est alors irréversible.

renaturer l'ADN

la renaturation de deux brins d'ADN séparés par chauffage modéré (vers 60°C) est spontanée dès retour à une température plus basse.
la renaturation ou l'hybridation (voir ci-dessous) sont utilisées dans l'association d'une sonde avec une molécule d'acide nucléique

hybrider l'ADN

(apparier des séquences d'ADN ou d'ADN et d'ARN complémentaires)

On peut hybrider (c'est-à-dire associer artificiellement) des brins d'ADN (qu'il faut donc avoir séparé auparavant par dénaturation) venant de molécules différentes mais aussi des molécules d'ARN avec des brins d'ADN ou encore des brins d'ARN. C'est encore l'hybridation mais cette fois c'est son caractère spécifique qui est employé pour l'hybridation d'une sonde (courte séquence marquée radioactivement (sonde chaude) ou non (sonde froide, par exemple sonde fluorescente, voir FISH dans l'ancien cours de terminale)...) avec une séquence d'ADN ou d'ARN complémentaire au sein d'un grand nombre de molécules d'acides nucléiques.

Les techniques de Northern et Southern blot appliquées respectivement aux molécules d'ARN et d'ADN simple brin permettent de visualiser rapidement l'hybridation entre une sonde radioactive et des acides nucléiques simple brin séparés par électrophorèse sur gel et transférés par effet buvard sur une feuille de nitrocellulose. On qualifie de "Western blot" une technique assez similaire à partir de protéines.

transcrire l'ADN en ARN

la transcription est réalisée in vivo par de gros complexes enzymatiques contenant une ARN polymérase (voir cours de 1èreS); in vitro elle peut être obtenue avec un rendement plus faible. L'ensemble des ARN transcrits dans une cellule est appelé transcriptome par analogie avec le génome désignant l'ensemble des gènes.

"retro-transcrire" l'ARN en ADN = "transcription inverse"

des enzymes de type transcriptase inverse (ou reverse) ou retrotranscriptase (capables de catalyser la synthèse d'un ADN monobrin (dit ADNc ou ADN complémentaire à partir d'un ARN, voir cours de 1èreS) ont été découvertes par Tenin, Baltimore chez les virus (1970) et par Beljanski chez Escherichia coli (1972) puis chez d'autres cellules procaryotes (Agrobacterium tumefaciens) et eucaryotes (voir histoire de la génétique).

insérer l'ADN dans une cellule

(transformer un oragnisme par transgenèse)

l'ADN peut être inséré
* chez les procaryotes et quelques cellules eucaryotes comme la levure de bière, par l'intermédiaire d'un vecteur d'insertion de type phage, virus, plasmide, cosmide (plasmide artificiel d'E. coli contenant le gène cos du phage lambda),
* chez les eucaryotes par mico-injection (à l'aide d'une micropipette et d'un micromanipulateur), électroporation (exposition brève à un courant électrique de très haut voltage de cellules de mammifères ou de plantes en présence d'ADN à insérer), bombardement (fusil à gènes avec des microprojectiles couverts d'ADN, utilisé notamment pour obtenir des maïs transgéniques), agitation ou par l'intermédiaire d'un vecteur d'insertion bactérien (cas d'Agrobacterium tumefaciens...).

exprimer un gène

l'insertion du vecteur dans la cellule transformée qui se multiplie n'implique pas que le gène inséré soit exprimé. On utilise des vecteurs d'expression qui sont souvent des dérivés du plasmide pBR322 d'E. coli (voir exercice) qui contient les signaux nécessaires à la transcription et à la traduction.

séparer-séquencer

La méthode diffère totalement selon la longueur de la molécule d'ADN que l'on veut séquencer.

  • la cartographie de restriction : l'action d'une (ou de plusieurs) enzyme(s) de restriction sur des molécules d'ADN données fournit un ensemble de fragments de tailles variées qui dépend de la séquence de l'ADN coupé. Les fragments (dits "fragments de restriction" d'une taille de quelques milliers à quelques dizaines de milliers de paires de nucléotides) peuvent être séparés et leur taille évaluée. Ce qui permet, par comparaison de l'action de plusieurs enzymes de restriction, l'établissement de ce que l'on appelle une carte de restriction. On peut donc penser que deux cellules possédant la même information génétique auront exactement la même carte de restriction. De la même manière, deux cellules de fonction identique mais prise chez deux individus différents, sont supposées avoir des cartes de restriction différentes mais voisines.
  • l'électrophorèse sur gel : le gel de polyacrylamide permet de séparer des molécules d'ADN de moins de 500 nucléotides qui ne différent que par un seul nucléotide. On utilise des gels d'agarose pour des molécules de plus grande taille et enfin la méthode d'électrophorèse sur gel d'agarose en champ pulsé pour des molécules d'ADN de très grande taille (millions de paires de nucléotides). La coloration des fragments d'ADN est réalisée soit au bromure d'éthidium, fluorescent en lumière ultra-violette lorsqu'il est lié à l'ADN, ou le 32P radioactif (de type béta) que l'on doit auparavant incorporer aux groupements phosphate de la molécule d'ADN ce qui implique sa réplication...
  • la méthode chimique et la méthode enzymatique de séquencage rapide de l'ADN ; la méthode chimique combine un marquage par le 32P radioactif, une destruction modérée de l'une des 4 bases, et une séparation par électrophorèse sur gel. La méthode enzymatique repose sur l'utilisation de l'ADN à séquencer comme matrice pour réaliser une copie marquée (radioactivement ou chimiquement) de la séquence recherchée, suivie par un ajout contrôlé de nucléotides un par un et une séparation sur gel de chaque fragment en cours d'allongement. C'est cette dernière méthode qui est surtout utilisée dans les automates (voir par exemple Biologie moléculaire de la cellule, pp297-298).

génie génétique

  1. isolement "du" gène, en fait d'une séquence d'ADN (essentiellement représentée par l'utilisation des enzymes de restriction... voir ci-dessus); cette étape peut nécessiter l'utilisation de transcriptase inverse où de cloner le gène à partir du génome entier (ce qui est la méthode habituelle et qui permet d'obtenir une banque génomique qui contient des vecteurs recombinants (voir ci-dessous) de tous les gènes d'un organisme) ou partiel...
  2. insertion dans un vecteur d'insertion (virus ou plasmide bactérien) qui est aussi appelé "chimère" ou plutôt recombiné (ADN recombinant, vecteur recombinant) nécessitant l'utilisation des enzymes de type ligases...
  3. transformation (ou transfection ou encore transduction...) d'un hôte en vecteur de multiplication par insertion du vecteur modifié (phase d'amplification) associée aux techniques de criblage (isolement) des transformants...
  4. expression de la séquence insérée et amplifiée

Exercices d'application: construire une carte de restriction simplifiée
Belin n°8 p 164 (le texte du sujet est erroné, voir ci-dessous les questions corrigées); Nathan TP1, 2, p 76 et exercice n°1 p 85

Un plasmide d'une souche bactérienne (B1) circulaire (que l'on nommera pB1) contient un seul site de restriction de l'enzyme HindIII. Ce site est situé dans le gène de résistance à la tétracycline (un antibiotique) que porte de plasmide.
On coupe le génome de la drosophile à l'aide de la même enzyme de restriction HindIII. On obtient des fragments qui sont insérés (voir génie génétique) dans des vecteurs d'insertion qui sont justement les plasmides pB1 de la même souche bactérienne (B1). Par des techniques appropriés on crible les transformants ayant intégré un fragment d'ADN de la drosophile. On obtient ainsi un ensemble de souches de bactéries B1* transformées dont leur plasmide pB1* a intégré tel ou tel gène drosophilien. C'est ce que l'on appelle une banque d'ADN. En fait il s'agit d'une banque de clones de souches bactériennes B1* (recombinées) dont le plasmide recombiné (pB1*) contient tel ou tel gène de drosophile.
Le clone n°15 contient par exemple un gène de drosophile inséré. On analyse l'ADN de ce plasmide transformé (pB1*) par digestion enzymatique en présence des enzymes de restriction Hind III et/ou EcoRV. Les résultats sont présentés ci-dessous, le témoin étant le plasmide pB1 non recombiné.

Questions:

1) Définir un clone et une banque génomique.

2) Expliquer l'importance de l'unicité et de la localisation du site de restriction d'Hind III

3) Construire la carte de restriction de pB1 et de pB1* du clone 15 pour les deux enzymes de restriction utilisées ici.

Corrigé
1) Un clone est un ensemble de cellules identiques génétiquement (voir page sur les manipulations cellulaires). Ici le terme désigne plus particulièrement une population bactérienne issue d'une cellule unique, génétiquement transformée. Un clone est donc, dans cet exemple, une souche bactérienne transformée (B1*) présentant un gène de drosophile intégré à son plasmide pB1*. Chaque clone possède un gène identifié de drosophile. L'ensemble des clones constitue une banque génomique plasmidique de la drosophile. La banque n'est complète que si l'on a l'intégralité du génome de l'organisme étudié inséré, gène par gène, dans un très grand nombre de clones. Ce qui suppose de connaître tous les gènes de l'organisme... ce qui est pour le moins rare.
D'une façon plus générale, une banque d'ADN pourrait être définie comme le lieu où l'on conserve des organismes ou des parties d'organismes génétiquement identifiés et transformés.

2) Un plasmide qui présente plusieurs sites de coupures par une enzyme de restriction (plusieurs sites de restriction pour une même enzyme) donnera plusieurs petits fragments d'ADN sans que l'on puisse insérer un gène en récupérant un plasmide complet et circulaire. La localisation du site de restriction au sein d'un gène marqueur (ici un gène de resistance à un antibiotique) permet de sélectionner les souches ayant inséré le gène de drosophile (c'est le criblage des transformants). En effet, un plasmide recombiné pB1* (avec un fragment d'ADN de drosophile qui s'est inséré dans son gène de résistance à la tétracycline), a un gène de résistance à la tétracycline altéré (non fonctionnel). La souche transformée (B1*) devient donc sensible à la tétracycline. Il suffit donc, SUR UNE RÉPLIQUE (bien sûr car sinon on détruit la souche que l'on recherche), de faire agir la tétracycline: la souche sensible (détruite ou dont la croissance est réduite) est la souche transformée qu'il suffit alors de récupérer au niveau de la culture ayant permis de faire la réplique (voir illustration ci-dessous).

3)

Il me semble bien difficile de présenter vraiment ces méthodes de façon accessible à un élève de terminale sans faire appel à des notions assez complexes sur la structure du génome et surtout sur la régulation de son expression. Il me paraît dérisoire de vouloir expliquer une technique d'hybridation de sonde radioactive alors qu'un élève de TS ne sait même pas que les gènes eucaryotes sont morcelés en introns et exons. Certains manuels scolaires ont d'ailleurs franchi le pas, ce que je ne fais pas étant donné que la complexité du génome (et les interactions entre gènes) ne me semble pas changer fondamentalement le paradigme mendélien-morganien.

Depuis près d'un demi-siécle de nombreuses voix de scientifiques, de philosophes...de renom se sont levées pour dénoncer l'inflation des résultats expérimentaux sans enjeu théorique. A quoi sert-il d'accumuler des données si l'on a pas fait l'effort de théoriser la recherche ? La recherche en biologie moléculaire travaille sur le même paradigme depuis plus de 50 ans. Il est temps que cela change.
Pour ce qui est des motifs du lobby de la biologie moléculaire, en France particulièrement, il est clair que les enjeux sont politiques, et économiques. S'y ajoutent probablement des enjeux philosophiques et éthiques.

2. Des enjeux économiques, politiques, philosophiques et éthiques

2.1 de la prudence dans l'utilisation du paradigme de l'information génétique en justice dans la technique des empreintes génétiques

Considérations générales:
La technique qui permet de réaliser des "empreintes génétiques" est une technique comprenant une dénaturation, une digestion par des endonucléases puis l'hybridation par une sonde radioactive multilocus (très peu spécifique) suivie d'une électrophorèse sur gel. Elle est onéreuse. Elle fournit un cliché qui est utilisé comme une sorte de carte d'identité génétique. On peut essayer de mettre en évidence ce que l'utilisation de cette technique présente comme hypothèses :

On voit aisément que ce qui peut être présenté avec une INCERTITUDE raisonnable pour une détermination qui n'est pas aussi grave, n'a pas la même signification lorsqu'il s'agit de l'utiliser comme PREUVE pour condamner un prévenu ou faire un recherche de paternité ou maternité biologique. Comme toute mesure il faut absolument présenter le résultat avec une incertitude (qui est souvent absolue car indéterminée statistiquement), aux jurés d'apprécier ensuite l'utilisation qui doit en être faite.
Il est certain que l'évaluation de cette incertitude n'est pas chose aisée mais il faut s'y essayer. La présentation des incertitudes évaluées le plus honnêtement possible pour toutes les mesures expérimentales est en quelque sorte le garant de la crédibilité des scientifiques. Il n'est pas rare que l'on parle de certitude alors qu'il s'agit de convictions puisqu'il existe toujours une incertitude expérimentale.

Exercice du Nathan n°2 p103
Recherche du coupable d'un viol.
Ce problème a fait l'objet d'une partie un peu détaillée sur une page de ce site sur les statistiques.
Sur un échantillon de 1.000 tests d'ADN (et pas moins car sinon l'échantillon n'est pas représentatif) il y a 3 faux positifs (ce chiffre est celui que l'on trouve dans toute la littérature mais je ne sais pas comment il est obtenu). Si l'on fait 1.000 tests on doit donc obtenir, statistiquement 4 profils concordants en supposant qu'il y a un coupable parmi les testés. Sur les 4 profils identiques au profil de référence, on a donc un seul coupable, soit 25% de chance de connaître ainsi le coupable. Mais le problème est que l'on a jamais 1.000 tests mais que l'on raisonne tout au plus sur quelques échantillons (sauf dans certains cas très particuliers où la recherche a été étendue à toute une population...). Dans ce cas il est clair que l'outil probabiliste est INUTILISABLE. On peut bien tomber comme on peut mal tomber et surtout on NE PEUT PAS CHIFFRER L'ERREUR. Un test d'ADN peut indiquer le coupable, comme il peut être un faux positif, sans aucune certitude. Seul, c'est un test auquel on ne peut pas accorder de poids. Avec un faisceau d'autres preuves, il prend du poids, mais pas statistiquement.

2.2 de l'émergence d'une nouvelle médecine ni curative, ni préventive mais informative: la médecine prédictive

La médecine prédictive est un mot nouveau (prédictif) forgé pour désigner la médecine de la prévision qui s'ajouterait à curatif et préventif qui définissent classiquement les deux aspects de la médecine qui soigne. Cette "médecine" ne soigne pas, elle informe. Elle est essentiellement probabiliste et repose sur un paradigme très fort de déterminisme génétique des maladies. Elle fourni une indication d'un risque génétique.
On notera qu'à partir du moment où l'on fait le choix de tenir compte de ses résultats et d'agir, on sort du domaine prédictif pour passer dans le domaine préventif, à partir des éléments obtenus de façon prédictive.

Le dépistage (étymologiquement "remonter la piste") est à double sens: il s'agit de repérer, le plus tôt possible, même sans signe apparent, une maladie ou une malformation déjà existante mais aussi repérer des individus présentant un risque génétique élevé. Si repérer des individus atteints, même asymptomatiques fait partie de la médecine préventive, le dépistage du risque génétique est bien uniquement prédictif.

Le terme de diagnostic enfin repose sur l'identification de quelque chose de connu (du grec dia = "à travers" et gnosis = "la connaissance"). On ne peut diagnostiquer qu'une maladie connue. On ne peut pas diagnostiquer un risque. On peut par contre diagnostiquer un allèle (ce que l'on nomme "diagnostic génétique").

La plupart des conclusions en médecine héréditaire font appel à la théorie morganienne de l'hérédité à laquelle on a ajouté la théorie de l'information génétique. Les techniques modernes de la génomique ont été mises au service de cette même théorie sans la remettre en cause. On recherche des allèles dans des cellules embryonnaires, fœtales ou adultes et on suppose une causalité directe entre allèle et phénotype.
Pour ce qui est de l'analyse des arbres généalogiques (donc humains) on se contente d'utiliser le modèle morganien de l'hérédité établi à partir de drosophiles et que l'on extrapole à l'homme puisque des analyses statistiques de descendance (comme celles réalisées chez la drosophile ou le pois) y sont impossibles.

Remarques sur les maladies génétiques (d'après Génétique humaine, Jean-Louis Serre et Josué Feingold, Dossier INSERM Nathan, 1993)

Une maladie génétique est une maladie dans laquelle le facteur héréditaire est principal. Au sujet de la cause des maladies, voir par exemple une page sur la santé dans l'ancien cours de TS. Étant donné que l'on est dans le cadre d'une hérédité morganienne étendue à la biologie moléculaire du gène, tout facteur héréditaire devient un facteur lié à l'ADN (nucléaire ou mitochondrial). On distingue alors:
- les maladies monofactorielles ou à caractère monogénique ou encore à caractère mendélien: tous les symptômes de la maladie sont reliés à un seul gène qui se présente sous forme d'un allèle morbide (à l'origine de la maladie) qui peut être dominant ou récessif. Pour sortir de la dichotomie dominance/récessivité on parle de pénétrance de l'allèle dominant qui peut plus ou moins s'exprimer chez un hétérozygote, un allèle récessif ne s'exprimant pas, sauf chez un homozygote. De nombreuses maladies considérées comme autosomales dominantes présentent une pénétrance incomplète et souvent variable avec le sexe (camptodactylie, brachydactylie, certaines formes de cataracte congénitale, de microphtalmie ou d'anophtalmie...). Parmi les maladies gonosomales on distingue celles qui sont liées à des gènes portés par la partie propre de l'Y, celles qui sont liées à la partie propre de l'X (maladies "liées au sexe") et celles qui sont liées à des gènes situées dans la partie commune à l'X et à l'Y et qui sont qualifiées de pseudo-autosomales. Il ne faut pas oublier qu'un même symptôme (par exemple l'opacification du cristallin) peut être du à de nombreuses maladies avec différents agents. Ensuite, dans le cas d'une maladie génétique reconnue, plusieurs formes génétiques peuvent coexister (on connaît des cataractes congénitales qui se transmettent sous les modes dominant autosomique, récessif autosomique ou récessif lié à l'X). Enfin différentes formes, dues à des gènes différents, peuvent se transmettre sous le même mode héréditaire.
Pour voir une illustration des caractères monogéniques vous pouvez par exemple visiter la page www.ac-creteil.fr/svt/Doc/Doc1S/lego/lego.htm où un collègue modélise les chromosomes puis les gènes avec des briques de LEGO©...Les gènes sont bien des particules localisées sur un chromosome, chaque gène étant associé à un caractère. Si les gènes étaient des unités de fonction, ils pourraient comporter plusieurs sous-unités sur différents chromosomes...et leurs lois de transmission n'auraient plus grand chose à voir avec une répartition statistique plus ou moins équiprobable dans les gamètes. Ces caractères, toujours associés à des gènes dans le cadre de la théorie chromosomique de l'hérédité, mais associés à plusieurs gènes en interaction sont dits justement "polygéniques" mais aussi à tort "non mendéliens".
- les maladies multifactorielles ou à caractère polygénique ou à caractère "non mendélien" : plusieurs gènes sont associés aux symptômes. Pour éviter de ranger dans ce groupe toutes maladies héréditaires pour lesquelles aucun gène n'a été (encore) isolé, il faut bien comprendre que ce qui est en cause ici c'est la ségrégation indépendante des caractères lors de la formation des gamètes. Pour ces maladies on ne remet pas en cause l'hérédité morganienne, on propose que le caractère soit associé à plusieurs gènes (polygénisme) ou bien qu'un même gène puisse conditionner plusieurs caractères (pléiotropie) ou enfin qu'il y ait des interactions non allèliques (et donc du milieu) entre gènes (épistasie).
- les maladies mitochondriales à hérédité maternelle puisque l'on pense que toutes les mitochondries sont transmises par l'ovocyte.
- les maladies chromosomiques qui touchent des portions de chromosomes suffisamment grandes pour être détectées par des techniques de coloration (caryotype). Il peut y avoir des monosomies, des trisomies ou des délétions, des translocations...; ces différentes anomalies pouvant se combiner.

1er exemple : le diagnostic d'une anomalie chromosomique: la trisomie 21 (voir page annexe) (travail personnel)

 

2ème exemple: dépistage et diagnostic de la phénylcétonurie. (corrigé en cours)
(Exercices Belin p 207 ; vous vous aiderez d'une page annexe sur la phénylcétonurie (TD de 1èreS) et du cours de 1èreS).

Éléments de correction:
1. On considère que cette maladie est une maladie génétique monofactorielle présente sous deux allèles (+, sain) et (ph, morbide). D'après les deux arbres généalogiques on peut déduire que, dans cette hypothèse, l'allèle morbide est récessif par rapport à l'allèle sain (des enfants (AII3, BII1 et BII3) sont nés malades de parents sains; leurs parents portaient donc chacun l'allèle morbide à l'état caché; l'allèle morbide est donc dit récessif).
La prévalence de la maladie étant de 1 naissance sur 10.000 dans la population européenne (nombre de nouveaux cas sur une période donnée), on peut estimer que le risque de porter l'allèle (fréquence allèlique dans la population européenne) pour un individu de cette population est 1/100 (puisque deux individus porteurs de sexe opposés ont un enfant malade avec un risque de 1/100 x 1/100 = 1/10.000).
La liaison chromosomique du gène peut être étudiée toujours dans le même cadre simpliste d'une maladie génétique monofactorielle. Le gène n(est pas lié à la partie propre de l'Y car un garçon malade n'a pas son père et ses frères malades. De même, le gène n'est pas lié à la partie propre de l'X car la fille BII1 est malade d'un père sain (dans ce cas, le père ne pourrait que lui avoir donné un X porteur de l'allèle ph, et donc être malade, ce qui n'est pas le cas). Donc le gène étudié est associé à une partie autosomale des chromosomes (autosomes ou partie pseudo-autosomale des gonosomes). (Cependant cette étude n'était pas nécessaire puisque l'on vous disait dans le sujet que le gène était situé sur le chromosome 12).
Comme AII2 n'est pas malade il n'a que 2/3 de risque d'avoir l'allèle ph (être porteur) et donc 1/2 x 2/3 = 1/3 de risque de donner l'allèle ph dans un gamète. Sa femme AII1 est issue de la population européenne sans plus de précision et peut donc donner l'allèle ph avec un risque de 1/100. Ce qui fait un risque pour l'enfant à naître d'être malade de 1/3 x 1/100 = 1/300.
Comme les deux parents BI sont hétérozygotes et porteurs de l'allèle ph ils peuvent le donner dans un gamète avec une probabilité de 1/2 chacun. ce qui fait 1/2 x 1/2 = 1/4 de risque pour l'enfant à naître d'être malade. la présence de frères et sœurs malades déjà nés ne change pas ce risque.
2. La technique des ASO (Allele Specific Oligoprobe) permet de détecter des mutations ponctuelles (par substitution d'une seule base de l'ADN). Elle est utilisée ici pour le codon 280 où l'on connaît une mutation ponctuelle (G changé en A dans l'ADN au niveau du brin codant) conduisant à un changement d'aa (Glu changé en Lys) dans la protéine PAH dont nous étudions ici le gène. On voit donc que les parents sont tous deux hétérozygotes (un exemplaire de chaque allèle), ce qui est une surprise pour la mère (AII1) qui n'avait qu'un risque de 1/100 et dans une moindre mesure pour le père, qui avait un risque de 2/3. L'enfant AIII3 est homozygote récessif avec une double mutation 280Lys//280Lys, ce qui est aussi surprenant. Il a toutes les chances d'être malade à la suite de cette mutation double (voir les phénotypes sur le site de l'Inrp: http:/www.inrp.fr/Acces/biotic/gpe/dossiers/phenylcetonurie/html/mutations.htm ) associé à une phénylalaninémie très forte (voir site INRP).
Pour la famille B les trois individus testés sont homozygotes sains et donc de génotype 280Glu//280Glu pour ce site de mutation.
Avec la méthode du Southern Blot appliquée sur des petits fragments de restriction (RFLP... que je considère hors programme en tant que telle), le sujet nous explique (mal) que la mutation localisée au codon 408 (région c) et caractérisée par un mutation ponctuelle dans l'ADN par substitution de base (C en T pour le brin codant) et dans la chaîne d'aa de la PAH un changement d'aa (Arg en Trp), dégage un site de restriction nouveau au voisinage de ce codon 408 pour l'enzyme MspL. Au lieu donc d'obtenir un seul fragment long de restriction de 23 kbases, on obtient dans le cas d'un allèle muté un fragment de 13,5 et un autre fragment de 9,5. Mais il faut savoir que ce petit fragment n'est pas repéré sur l'électrophorèse présentée dans le sujet.
D'après le document 3 on peut donc affirmer que les parents BI sont tous les deux hétérozygotes, ce qui était connu et que l'enfant à naître est homozygote récessif, ce qui n'était probable qu'avec un risque de 1/4.
Il est à noter que, contrairement à ce qu'affirme la question du sujet, cette méthode n'apporte pas beaucoup de certitudes. D'abord comme tout geste technique, il est entaché d'incertitude, bien difficile à chiffrer (erreurs de manipulation, d'action des enzymes, des sondes... de migration...). Ensuite, le fait de se focaliser sur trois allèles peut se justifier par le fait que, dans une famille atteinte d'une maladie génétique, on considère qu'une mutation dans le gène incriminé à plus de chance de se transmettre dans la famille qu'une autre mutation dans le même gène. Cependant, ce n'est pas une certitude et il est possible que d'autres allèles puissent aussi être mutés (regardez à nouveau le tableau des mutations sur le site de l'Inrp). Enfin, et surtout, s'il est légitime, dans un exercice scolaire de terminale, de raisonner à partir de l'hypothèse simpliste d'une maladie génétique monofactorielle, il n'est plus acceptable que cela soit le cas dans des analyses génétiques médicales proposées à des patients. Pour une ouverture sur les déterminismes de la phénylcétonurie, voir page annexe du cours de 1èreS.

Remarques:
Pour un début d'approche de génétique des populations voir la loi d'HardyWeinberg dans l'
ancien cours de spécialité. Pour les notions de épidémiologiques de prévalence et de morbidité, voir une page annexe sur les statistiques.

 

3ème exemple: la mucoviscidose, un maladie à forte composante génétique: de la recherche d'une causalité au diagnostic puis à l'évaluation du risque. (travail personnel)
Belin p 191-193, et ancien cours de TS spécialité partie 2.3

Remarque: ne pas oublier l'utilisation des antibiotiques "suppresseurs de codons stop", qui ont été utilisés avec succès chez certains malades atteints de mucoviscidose (Pascale Fanen: «Un traitement pharmacologique restaure le gène déficient», La Recherche, 370, décembre 2003, 26-27 d'après M. Wischanski et al., NEJM, 349, 1433, 2003 dont le résumé en anglais a été ajouté dans l'ancien cours de spécialité);

2.3 de la prudence et des limites des techniques de transgénèse sur les êtres vivants (OGM)

 * une transgénèse réussie: la production d'insuline humaine par des bactéries Escherichia coli génétiquement modifiées. Exercice d'après Didier p 80-81. Exercice et corrigé.
Cette transgénèse est à la fois le premier et le plus probant de exemples d'application de la technologie de l'ADN recombinant (génie génétique). Vous noterez combien cette technique est complexe et le temps nécessaire pour mettre au point la souche génétiquement modifiée utilisée actuellement.
(Un deuxième exemple, pourrait être celui de la somatostatine, une hormone hypothalamique de 14 aa intervenant dans la croissance chez l'homme).

* de nombreuses transgénèses ont été réalisées d'abord chez des procaryotes, puis chez des eucaryotes notamment sur les végétaux (riz, maïs...), pour l'amélioration du rendement des cultures mais aussi pour la recherche. On est actuellement dans une phase expérimentale d'utilisation des OGM à très grande échelle.
Les transgénèses animales sont plus difficiles que celles réalisées sur des plantes mais fort explorées.

Nathan p 88-89 (Belin p 166-183):
1 - Comparer la transgénèse et les OGM; que recouvrent ces notions ?
2 - Pourquoi parle-t-on surtout d'OGM du règne des plantes ? Quelles en sont les spécificités ?
3 - Quel est le rôle précis d'Agrobacterium tumefaciens ? (Belin p 166-169)
4 - Belin QCM n°2 p 184

2.4 des limites éthiques à la transgenèse humaine (HGM)

Les transgénèses humaines sont habituellement à but thérapeutique et sont donc qualifiées de thérapie génique. Elles en sont à leur balbutiements.

Nathan p 96-97 (Belin p 194-197), bioéthique dans l'ancien cours de spécialité avec notamment la déclaration universelle sur le génome humain et les droits de l'homme (UNESCO, 1997):
1 - En quoi le terme d'HGM est-il faux ? Donner une autre définition de la thérapie génique en utilisant le terme de greffe.
2 - En quoi la transgénèse humaine est-elle complémentaire des recherches sur les cellules souches ?
3 - Rechercher sur internet la loi de 1994 autorisant les recherches sur les cellules somatiques
4 - Qu'est-ce que l'éthique ? Que veut dire le terme de limite scientifique ? Que pensez-vous de titres de presse du style "l'homme transgresse les lois du vivant" ? Que veut dire le terme de limite éthique ?

Exercices corrigés:

  • Nathan n°3 p 104 (Exercice typique de baccalauréat de type spécialité - partie II b)

    Sujet
    Un couple ayant un enfant atteint de drépanocytose voudrait savoir si leur futur bébé sera également atteint de cette maladie. Le drépanocytose est une maladie qui touche le sang, elle est due à une anomalie de la ß globine. Le gène de la ß globine possède un allèle sain ßA et un allèle délétère ßS. L'ADN des parents, de leur enfant et de leur fœtus est prélevé et coupé par l'enzyme MstII. Une électrophorèse est réalisée pour séparer les différents fragments obtenus qui sont identifiés par une sonde spécifique marquée.
    Question:
    En utilisant l'ensemble de ces données,
    expliquez si le futur bébé sera atteint de drépanocytose.


    Document1: "gène" (séquence très partielle) de la ß globine
    Document 2 : carte de restriction des sites MstII du chromosome 11 au voisinage du gène de la ß globine: position d'appariement de la sonde utilisée dans le document 3
    NB: la sonde repère aussi bien les fragments 0,2kb que 1,2 kb que 1,4 kb.
    Document 3: arbre généalogique de cette famille (voir texte) et résultats de l'électrophorèse (id) les résultats étant présentés à la verticale en dessous du figuré de chaque membre de la famille.

    Remarque:
    Le texte du sujet est critiquable. Si la drépanocytose est certainement le meilleur exemple de liaison entre le génotype et le phénotype on connaît de très nombreux allèles pour la chaîne ß de l'hémoglobine (voir
    ancien cours de spécialité) donnant lieu à des hémoglobinoses et thalassémies aux facteurs génétiques non déterminants. La question n'est pas rédigée en français correct et laisse pantois. Ce que l'on demande (malheureusement) en terminale est une analyse probabiliste simpliste issue de l'arbre généalogique qui peut être améliorée par une analyse génétique précise (compliquée et coûteuse) mais qui ne sort pas du paradigme posé d'une maladie monofactorielle associée à un gène unique sous la forme d'un allèle morbide récessif.

    Corrigé
    On pose une hypothèse de départ: nous connaissons une maladie génétique monofactorielle (la drépanocytose) qui est due à une mutation ponctuelle (document 1, base n°17, A changé en T sur le brin 5') d'un unique gène associé à la chaîne ß de l'hémoglobine. Comme ce n'est pas dit dans le texte, c'est le début du gène de la ß globine qui est représenté dans le document 1 et la mutation ponctuelle conduit à une substitution d'un acide aminé en position 6 : la valine (Val) à la place de l'acide glutamique (Glu). Cette mutation conduit à un allèle récessif (ßS) par rapport à l'allèle non muté (ßA) (la récessivité doit être établie à partir du document 3 puisqu'une fille malade est née de deux parents sains, porteurs de l'allèle à l'atat caché). Tous les symptômes de la maladie semblent pouvoir être rapportés à la présence de cette hémoglobine anormale qui fixe moins bien le dioxygène aux basses pressions et se polymérise en donnant des "baguettes" assez rigides qui déforment les hématies en faucilles qui se bloquent dans les capillaires. Les malades sont ceux qui possèdent deux allèles ßS.
    L'analyse de l'arbre généalogique (document 3) en utilisant le formalisme habituel (on porte de part et d'autre d'une double barre de fraction les allèles portés par chaque paire homologue) et les statistiques donnant la proportion théorique des gamètes (que l'on peut rapporter à la première loi attribuée à Mendel: loi de pureté des gamètes) permet de dire que l'enfant attendu présente un risque de 1/4 d'être atteint (ßS//ßS), un risque de 1/4 d'être sain (ßA//ßA) et un risque d'1/2 d'être porteur mais sans symptôme ou porteur sain (ßA//ßS). En effet, chaque parent, de génotype (ßA//ßS) donne avec une égale probabilité (1/2) un gamète ßS ou ßA, ce qui fait 1/4 pour chaque fécondation.
    L'analyse génétique utilisant l'enzyme de restriction MstII est un peu originale dans le sens où le site de restriction situé en position 14 depuis le début du gène de la ß globine (en partant de l'extrémité 5'; en 17 sur le brin 3'->5') est supprimé lors de la mutation (allèle ßS), ce qui fait qu'un allèle sain (ßA) est repéré par deux fragments de restriction (1,2 et 0,2 kb) alors que l'allèle muté est repéré par un seul fragment de restriction (1,4 kb). Ainsi les génotypes proposés pour les parents et les sœur de l'enfant attendu sont donc confirmés. Le génotype de l'enfant étant ßA//ßA puisqu'il possède uniquement des fragments de restriction à 1,2 et 0,2 kb. Il est donc sain et non porteur de l'allèle ßS.
    Ce diagnostic est certain, aux erreurs de manipulation et d'expérience près (en effet la sonde peut mal se fixer, l'enzyme de restriction couper de façon erronée ou encore les fragments mal migrer...). De plus il est essentiel de noter que l'on reste, avec cette méthode dans le paradigme dominant avec l'hypothèse de départ (justifiée) de la maladie génétique monofactorielle. Ceci n'est bien qu'un exercice scolaire. Il ne faut pas lui demander de répondre à des questions biologiques que tout élève de terminale ne manquera pas de se poser par ailleurs.

  • Nathan n°3 p 86 avec le document 3 p 79 pour aider à la compréhension (attention, ceci n'est pas un exercice de type baccalauréat mais juste un exercice de compréhension - exercice de formation)

    Sujet
    Dépistage moléculaire d'une mutation
    Les propriétés de renaturation de l'ADN sont mises à profit dans de nombreuses méthodes de dépistage moléculaire de mutations ponctuelles d'un gène. L'une de ces méthodes est l'ARMs (Amplification Refractory Mutation System). Elle consiste à amplifier, par ACP *), un court fragment d'un gène, au sein duquel peut se trouver l'une des mutations connues de celui-ci, dont on se propose de dépister la présence éventuelle. D'un côté, on utilise une amorce "commune" et, de l'autre, deux amorces (document 1), présentant en 3' une base complémentaire, soit de la base présente sur la séquence standard du gène (amorce standard), soit de la base présente sur la séquence mutée (amorce mutée). Par ailleurs, ces deux amorces sont allongées par une séquence additionnelle polyN ou polyN' de longueurs différentes, de sorte que, selon que la mutation est présente ou absente, l'ACP* donnera des fragments de longueur différente.
    On teste, par cette méthode, la présence ou l'absence d'une mutation, notée a, d'un gène, responsable d'une maladie récessive (le gène fonctionnel sera noté A). Les amorces utilisées ont une longueur de 25 nucléotides, les queues polyN et polyN' ont des longueurs respectives de 10 et 30 nucléotides. les résultats sont indiqués dans le document 2.


    Document 1 (amélioré)

    - une amorce commune amplifie le brin + (s'hybride au brin -).

    - l'amorce standard amplifie le brin - s'il n'est pas muté et l'amorce mutée amplifie le brin - qu'il est muté; chacune de ces deux amorces est pourvue d'une queue polyN ou polyN' de taille différente.

    - les fragments d'ADN amplifiés par ACP* seront plus longs si l'ADN testé est muté et plus courts s'il ne l'est pas, la taille et la différence de taille étant visualisables sur un gel d'éléctrophorèse.

    Taille des fragments de ACP* (en paires de bases: pb)
    A
    (est atteint)
    B
    (est atteint)
    C
    (est atteint)
    D
    (non atteint, est parent d'un atteint)
    E
    (non atteint, est parent d'un atteint)
    F
    (non atteint)
    G
    (non atteint)
    130 pb
    -
    -
    -
    -
    -
    -
    -
    110 pb

    -
    -

    -

    Document 2. Résultats du gel de contrôle des fragments d'ACP* obtenus pour chaque individu.

    Questions:
    a. Indiquez la taille du fragment du gène amplifié par PCR (ACP
    *).
    b. Compte tenu de ces résultats et des informations suivantes, précisez autant que possible le génotype de chaque individu pour la mutation testée et pour le gène étudié.

    remarques:
    - la molécule d'ADN comportent deux brins orientés du fait de l'accrochage des nucléotides entre le sucre d'un nucléotide et le groupement phosphate du nucléotide précédent. Il y a donc deux brins antiparallèles qualifiés de brins + et - ou 3'->5' et 5'->3'
    - les n°s 3' et 5' désignent les carbones du désoxyribose (ceux de la base de chaque nucléotides sont numérotés sans les '); le groupement phosphate de chaque nucléotide est accroché en C5' et la base en C1'.
    -l'ADN polymérase est un complexe enzymatique qui travaille toujours (par ajout de nucléotides) dans le sens 5'->3'

    Corrigé
    a) le gène fait 100 paires de bases (en comptant depuis le début de chaque amorce).

    b) Il suffit de lire le génotype: un fragment de 130 pb signifie une queue poly N' de 30 bases et donc un allèle muté a; un fragment d'ADN de 110 pb signifie une queue poly N de 10 bases et donc un allèle non muté A;
    A, B et C sont a//a, D, E et G sont a//A et F est A//A.

  • Nathan n°6 p 72 (exercice pouvant être posé en partie IIb (de spécialité) mais dont l'énoncé est inhabituel et déroutant; son intérêt réside dans le fait qu'il présente à la fois une technique de transgenèse et une analyse morganienne de l'hérédité)

    Sujet
    Concevoir des croisements

    La génétique mendélienne est avant tout une science expérimentale, fondée sur l'observation des résultats de croisements. Le choix pertinent de ces croisements est donc décisif.
    Document 1: garniture chromosomique de la drosophile mâle (XY et 3 paires d'autosomes dont une paire ponctiforme) et femelle (XX et 3 paires d'autosomes dont une paire ponctiforme).
    Document 2: "carte génétique": le chromosome II porte le gène associé à la forme de l'aile (vestigiale); le chromosome X porte le gène associé à la couleur de l'œil (blanc) et un transgène (associé à la synthèse d'une protéine fluorescente); ces deux gènes sont distants de 3,7 unités de recombinaison.
    Document 3: souches pures de drosophiles (pour les mutations) disponibles pour les croisements:
    On note que le transgène n'est inséré qu'à un seul exemplaire dans les souches mutées et que le transgène n'est exprimé que chez les femelles...

    nom de la souche

    sauvage
    A
    B
    C
    D
    E
    F
    G

    mutation ou transgenèse

    aucune
    abdomen fluorescent chez les femelles
    œil blanc
    œil blanc et abdomen des femelles fluorescent
    ailes vestigiales
    ailes vestigiales et abdomen des femelles fluorescent
    œil blanc et ailes vestigiales
    abdomen des femelles fluorescent, œil blanc et ailes vestigiales

    Questions:
    À partir de la mise en relation des informations apportées par les documents, déterminez, en justifiant votre réponse, les croisements à effectuer pour confirmer la localisation chromosomique relative des gènes étudiés.
    Les résultats qualitatifs et quantitatifs de chaque croisement sont attendus, en admettant un effectif théorique de 2000 individus à chaque génération.

    Corrigé
    On a donc comme hypothèse 3 gènes:
    - un gène lié au chromosome 2 (autosomal) et associé au caractère "forme de l'aile" présent sous deux formes: un allèle récessif "vestigial" (noté vg) par rapport à un allèle sauvage (ailes longues) dominant (noté +)
    - un gène lié au chromosome 1 ou X (gonosomal) et associé au caractère "couleur de l'œil" présent sous deux formes: un allèle récessif "œil blanc" (noté w pour white) un allèle sauvage (œil rouge) dominant (noté +)
    - un transgène que l'on place sur le chromosome X (1) (noté *) et qui ne s'exprime (sous la forme d'une protéine fluorescente synthétisée par certaines cellules) que chez les femelles (par un abdomen fluorescent). Le sujet précise que l'on insère le gène en un seul exemplaire. On peut imaginer que l'on a donc uniquement des femelles avec le transgène ou que l'on possède à la fois des mâles et des femelles. Si l'on veut que le gène reste toujours à un seul exemplaire on ne peut donc faire des croisements qu'avec des femelles transgèniques.

    Pour justifier par des croisements judicieux de la position des gènes proposés, on doit suivre les étapes suivantes:
    1 - montrer que le gène associé à la "couleur de l'œil blanc" est situé sur le chromosome X
    2 - montrer que le gène associé à "la forme des ailes de type vestigiale" n'est pas situé sur le chromosome X et est donc indépendant du premier gène
    3 - montrer que le transgène et le gène associé à "la couleur de l'œil blanc" sont distants de 3,7 unités de recombinaison.

    Etape1
    Un gène "lié au sexe", c'est-à-dire "porté" par la partie propre de l'X, présente lors de la première génération (F1) une différence entre le croisement d'un mâle de phénotype muté (correspondant à l'allèle récessif) avec une femelle de phénotype sauvage et le croisement réciproque d'un mâle sauvage avec une femelle de phénotype muté.
    (souche B) femelle w//w x +//y mâle (souche sauvage)

    +
    y
    w
    w//+
    w//y
    toutes les femelles à yeux rouges et tous les mâles ont les yeux blancs

    (souche sauvage) femelle +//+ x w//y mâle (souche B)

    w
    y
    +
    +//w
    +//y
    tous les descendants ont les yeux rouges

    SINON

    si le gène associé au caractère "couleur des yeux blancs" n'était pas lié au sexe (à la partie propre de l'X) il y aurait 100% de descendants à yeux rouges pour les deux croisements

    sur 2000 descendants en supposant un sex ratio de 1/1, il y aura 1000 femelles à yeux rouges et 1000 mâles à yeux blancs

    sur 2000 descendants il y aura 2000 descendants à yeux rouges (100%)

    Étape 2
    Le même raisonnement que précédemment est fait pour le gène associé au caractère "forme des ailes vestigiales".
    (souche D) vg//vg x +//+ (souche sauvage)

    +
    vg
    vg//+
    tous les descendants ont les ailes longues (non vestigiales) (100%)

    SINON

    si le gène associé au caractère "forme des ailes vestigiales" était lié au sexe on aurait deux types de croisements avec des résultats différents:

    sur 2000 descendants d'un individu de la souche sauvage avec un individu de la souche D, quelque soit les sexes, il y aura 2000 descendants aux ailes longues (100%)

    femelle vg//vg x +//y mâle

    +
    y
    vg
    vg//+
    vg//y
    toutes les femelles ont les ailes longues et tous les mâles ont les ailes vestigiales

    femelle +//+ x vg//y mâle

    vg
    y
    +
    +//vg
    +//y
    tous les descendants ont les ailes longues

    sur 2000 descendants en supposant un sex ratio de 1/1, il y aura 1000 femelles à ailes longues et 1000 mâles à ailes vestigiales

    sur 2000 descendants il y aura 2000 descendants à ailes longues (100%)

    Comme le gène associé au caractère "forme des ailes vestigiales" n'est pas lié au sexe il est donc lié à un autosome (mais on ne peut pas connaître le n° du chromosome à moins d'avoir un autre gène que l'on saurait être lié à ce chromosome) et il est donc indépendant du gène associé à "la couleur de l'œil blanc" qui est lié à l'X.

    Étape 3
    Pour estimer la liaison entre le transgène et le gène associé à "la couleur de l'œil blanc" il est habituel d'utiliser un test-cross.
    (souche C) femelle w * //w x +//y mâle (souche sauvage)

    +
    y
    w *
    w *//+
    w *//y
    w
    w//+
    w//y
    on utilise ensuite les femelles à yeux rouges et à abdomen fluorescent hybrides obtenues
    (hybride de F1) femelle w * //+ x w//y mâle (souche B)

    w*
    +
    w
    * +
    w
    w*//w
    +//w
    w//w
    +*//w
    y
    w*//y
    +//y
    w//y
    *+//y
    ,
    48,2%
    963
    48,2%
    963
    1,9%
    37
    1,9%
    37
    96,3%
    1926
    3,7%
    74

    SINON

    toute autre proportion indiquerait une distance erronée.

    sur 2000 descendants en supposant un sex ratio de 1/1, il y aura
    - 1926 descendants de type parental (non recombinés), avec un sex ratio de 1/1, cela fait 963 mâles (dont la moitié de phénotype à yeux blancs et autant de phénotype à yeux rouges), et 963 femelles dont la moitié de phénotype à yeux blancs et abdomen fluorescent et autant de phénotype à yeux rouges.
    -74 descendants de type recombiné se répartissant en 37 mâles (dont la moitié à yeux blancs et l'autre moitié à yeux rouges) et 37 femelles (dont la moitié sont à yeux blancs et l'autre moitié à yeux rouges et abdomen fluorescent.

    Si l'on somme les phénotypes on obtient:
    - 499 (481+18) mâles à yeux blancs
    - 499 (481+18) mâles à yeux rouges
    - 481 femelles à yeux blancs et abdomen fluorescent
    - 18 femelles à yeux blancs
    - 481 femelles à yeux rouges
    - 18 femelles à yeux rouges et abdomen fluorescent

    Je ne suis pas sûr d'avoir correctement exploré toutes les possibilités... vu l'urgence je vous propose cette interprétation non définitive.

  • Belin n°4 p 208-204 (Attention cette exercice n'a pas la forme d'une question de type spécialité - partie II b - mais il constitue un exercice d'entraînement)

    Sujet
    Diagnostic prénatal

    On dispose de 3 enzymes de restriction (doc. 1). Ces enzymes découpent l'ADN en des endroits précis, appelés sites de restriction, ce qui permet à la bactérie qui les produit dans son cytoplasme de digérer l'ADN de bactériophages qui tentent de l'infecter.
    On étudie deux allèles du même gène dont les séquences sont décrites ci-dessous (doc. 2). L'allèle "s" correspond à l'allèle "sain"(présent chez les individus sains), et l'allèle "m" à l'allèle "malade" (morbide, présent chez les individus malades).
    L'arbre généalogique présenté (doc.3) est celui d'une famille dont les deux parents sains ont donné naissance à un enfant atteint d'une maladie génétique récessive et à un enfant sain. Lors d'une troisième grossesse, tous les sujets sont testés par la méthode de Southern (digestion par enzyme de restriction + électrophorèse + transfert sur nitrocellulose + mise en contact avec une sonde radioactive + autoradiographie).

    Questions:
    a - Déterminer quelle(s) enzyme(s) de restriction peuvent agir sur la séquence proposée. Préciser sur quel(s) site(s) ces enzymes peuvent agir.
    b - À l'aide du
    code génétique, déterminer pourquoi cette séquence correspond à un allèle malade.
    c - Décrire les effets de la ou des enzymes déterminées à la première question sur l'allèle "s" et sur l'allèle "m". Évaluer la taille (en nucléotides) des fragments obtenus.
    d - Schématiser le résultat de l'électrophorèse des fragments obtenus après digestion par cette (ces) enzyme(s).
    e- Établir le diagnostic prénatal de l'enfant II3. Justifier ce résultat à partir des autoradiographies.

    Corrigé
    a) seule EcoRI peut couper l'ADN de la séquence du seul allèle m (mais pas s)

    b) en supposant que la séquence des bases est celle du brin codant (non transcrit) on a donc un ARNm de séquence identique base à base à celle de l'ADN avec U à la place de T ; grâce au code génétique on associe alors les aa à chaque triplet (codon) de l'ARNm:

    Thr

    Ser

    aa "s"

    ACA

    UCA

    ARNm "s"
    GCC
    ACA
    GAA
    TCA
    GAT
    TCC
    GCA
    CGA
    CTC
    ADN allèle sain "s"
    GCC
    ACT
    G*AA
    TTC
    GAT
    TCC
    GCA
    CGA
    CTC
    ADN allèle morbide"m"

    ACU

    UUC

    ARNm "m"

    Thr

    Phe

    aa "m"
    1 2 3
    4 5 6
    7 * 8 9
    10 11 12
    13 14 15
    16 17 18
    19 20 21
    22 23 24
    25 26 27
    n° des bases
    1
    2
    3
    4
    5
    6
    7
    8
    9
    n° des codons

    sur fond bleu la séquence reconnue par l'enzyme de restriction EcoRI l'étoile (*) indiquant le site de coupure

    On observe donc trois substitutions de bases entre les deux séquences:
    * en position 2 (2ème codon) une adénine (A) est changée en thymine (T) mais comme le code génétique est redondant les codons ACA et ACU codent pour le même acide aminé : la thréonine (Thr); cette mutation est donc silencieuse (neutre).
    * en position 4 (4ème codon) une cytosine (C) et une adénine (A) sont remplacées par une thymine (T) et une cytosine (C) respectivement. Le codon UCA associé à la sérine (Ser) est changé en UUC associé à la phénylalanine (Phe); il y a donc changement de base et donc un peptide différent qui est peut-être à l'origine des symptômes de la maladie dans les cellules exprimant le gène étudié.

    c) L'allèle "s" présente donc un "gène" de 27 paires de bases et l'allèle "m" coupé par l'enzyme de restriction EcoRI deux fragments de restriction de 7 et de 20 paires de bases.(on parle de paires de bases car la molécule d'ADN est double brin, même si un seul brin a été représenté ici).

    d) L'ADN étant chargé négativement à pH basique (on travaille à environ pH = 9) les fragments d'ADN déposés au pôle "-" migrent vers le pôle "+" d'autant plus loin et plus vite que les fragments de restriction sont plus petits et plus chargés électriquement. Les fragments isolés dans le Southern Blot sont des ADN monobrins et donc notés en bases et non en paires de bases.

    position (ou taille) en bases

    s
    m
    s//s
    s//m
    m//m

    pôle -

    .
    .
    .
    .
    .

    27 bases

    -

    -
    -

    20 bases

    -

    -
    -

    .

    ,
    ,
    ,
    ,
    ,

    7 bases

    -

    -
    -

    pôle +

    .
    .
    .
    .
    .
    Les seuls représentés dans la représentation du Southern blot sont les fragments 20 et 27. On peut émettre l'hypothèse que la sonde de marquage des fragments ne peut pas se fixer au fragment de 7 bases.

    e) D'après l'arbre généalogique l'enfant II3 attendu par deux parents hétérozygotes (puisque l'allèle m est récessif par rapport à l'allèle s puisque un enfant (II1) est né malade de deux parents apparemment sain qui portaient donc chacun l'allèle à l'état caché) a un risque de 1/4 d'être m//m ou s//s et un risque 1/2 d'être m/s. D'après le diagnostic prénatal réalisé par test génétique l'enfant II3 est hétérozygote (m//s) puisqu'il a notamment le même profil de restriction que ses parents. Ce résultat apporte une certitude aux erreurs de manipulation et d'activité des produits utilisés près. De plus ce résultat ne peut être pris en compte que dans le cadre de la théorie présentée au début: l'hypothèse d'un unique gène et de deux allèles connus, séquencés....

 


 Remarques:
Dans le cadre de cette année de terminale, où vous découvrez la philosophie, il est plus que temps de se poser la question du sens du mot information génétique et de la raison de son emploi. Voici l'avis documenté d'un grand mathématicien; à ce sujet on peut aussi lire l'article "forme" de Jean Petitot dans l'Encyclopedia Universalis ou quelques mots sur la page des modèles de ce site.

extrait de Un protée* de la sémantique : l'information , René Thom, 1973, 6.
Écrit à la demande de J. d'Ormesson pour un colloque de l'Unesco, Venise 28-31 mai 1973.) Mots soulignés et colorés par moi, note sur Protée ajoutée.

1.6. Emplois du terme information en Biologie.
Il s'agit ici, essentiellement, de l'information « génétique » d'une espèce vivante, telle qu'on la trouve dans le « dogme central » de Watson-Crick : « l'information génétique d'un être vivant est codée dans la composition en nucléotides de son ADN ». Deux interprétations peuvent ici être proposées. La première regarde l'œuf comme un message émis par le parent donneur (Y) ; le récepteur est alors l'embryon issu de l'œuf lui-même ; on doit donc considérer que le message, ici, devient son propre récepteur ; c'est là une façon de voir qu'il est difficile de soutenir. La deuxième interprétation a été défendue par quelques théoriciens de l'information en Biologie, comme Dancoff et Quastler (note 1) : elle regarde l'organisme vivant comme le donneur (X) de l'information, le destinataire (Y) est l'observateur lui-même. Plus exactement, on considérera toute morphologie naturelle comme un message émis par une source fictive (Y) à l'adresse du savant (X), qui est le demandeur. On retrouve ainsi une très vieille idée : Dieu nous parle à travers les apparences du monde, et il nous appartient de déchiffrer son langage. Bien entendu, cette manière de voir soulève de graves problèmes ontologiques. Si on veut y voir plus qu'une poétique métaphore, on est amené à se demander si on peut encore faire une place spéciale à la Sémiologie : si toute forme physique ou naturelle est un message venu de Dieu, pourquoi vouloir réserver une place spéciale aux messages humains? De plus, dans tous ces exemples, la finalité du procès n'apparaît pas clairement, sauf à postuler l'intérêt qu'il y a pour l'homme à comprendre ce qu'il voit. Dans l'exemple (cité par M. Carreras dans son intervention) « L'information fournie par les rayons X après traversée du corps du patient », il n'y a ambiguïté ni sur le donneur (le corps du patient), ni sur le demandeur-récepteur (l'observateur), ni sur la finalité globale du processus (interprétation diagnostique). La seule ambiguïté concerne le contenu signifié du mot information, que pour ma part je réduirais à la forme du message reçu sur la plaque sensible, et interprété par l'observateur.

Dans les emplois scientifiques, en Biologie notamment, où il y a effacement soit du demandeur, soit du donneur-source, la malhonnêteté, si malhonnêteté il y a, n'est plus que d'ordre intellectuel. L'emploi du mot information, dans le cas de « l'information génétique », témoigne de la situation psychologique suivante. Dans le déroulement immensément complexe des processus morphogénétiques de l'embryologie, la Biologie Moléculaire a mis en évidence un mécanisme important, la synthèse des protéines. La tendance naturelle du spécialiste est alors de dire que cette étape est l'étape essentielle, les autres étapes devant en être de simples conséquences. Le mot information, en pareil cas, sert manifestement à dissimuler l'ignorance quasi totale où nous sommes de préciser ces autres mécanismes prétendument subordonnés, tout en apportant par la connotation d'intentionnalité du mot information une caution implicite au finalisme qui sous-tend toute pensée biologique. En ce sens, l'information, c'est la forme obscure de la causalité.

note(1)« Autrement dit, la théorie de l'information sous sa forme classique de théorie de l'information transmise peut être appliquée aux systèmes biologiques en considérant qu'il existe une transmission d'information entre l'organisme et l'observateur suivant la méthode Dancoff et Quastler ainsi que nous l'avons indiqué au chapitre 5 ; mais dans cette transmission nous devons considérer chaque élément ordonné ou organisé (macromolécules, organelles, cellules, organismes) comme la sortie d'une voie de communication, dont l'entrée est une source que nous n'avons pas besoin de spécifier. » H. Atlan, L'Organisation biologique et la Théorie de l'information, Hermann, Paris, p. 255.

* Protée: vieillard de la mer dans la mythologie grecque qui avait le pouvoir de se métamorphoser à volonté et qui, bien qu'il connût le passé, le présent et l'avenir, refusait de les révéler à moins que celui qui l'avait capturé dans son sommeil ne tienne bon et ne l'oblige enfin, une fois Protée revenu à sa forme première, à révéler la vérité.

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Pour se rendre compte des difficultés de la notion d'information génétique, de programme génétique ou encore de code génétique, il suffit de voir comment les média se sont emparés de ces termes et les ont mélangés. Les difficultés sont patentes pour tout collègue qui souhaite enseigner cette culture aux élèves de 1èreES par exemple dans le cadre de leur chapitre "du génotype au phénotype". Le programme à ce sujet et on ne peut moins clair: "Cette partie de programme s'appuie sur l'universalité de structure et de fonction de la molécule d'ADN étudiée en classe de seconde. Elle précise, dans un premier temps, les mécanismes biologiques assurant l'expression de l'information génétique. Par la suite, à partir de quelques exemples, elle appréhende la notion de complexité des relations entre génotype et phénotype.(...) La séquence des nucléotides dans l'ADN gouverne la séquence des acides aminés dans la protéine selon un système de correspondance, le code génétique. "
Le code génétique est bien un code, une correspondance entre un triplet de riibonucléotides de l'ARN et des aa transportés par des ARNt spécifiques (voir
cours de 1èreS). Le code ne vient pas de l'ADN mais des ARNt. Son universalité, c'est-à-dire l'universalité des mécanismes de traduction, dépend donc des ARNt.
Lorsque l'on insère un fragment d'ADN issu d'une cellule étrangère (autre lignée cellulaire, autre individu de la même espèce, ou d'une autre espèce...) il existe une très grande variété de causes qui font que cet ADN n'a pas la même fonction que dans la cellule d'où il est issu. Il peut d'abord être détruit, ce qui est le cas général (c'est la raison de la présence des enzymes de restriction dans les bactéries). Grâce à des artifices (vecteur viral d'insertion) ou naturellement, dans des cas rares, il s'insère dans le génome hôte. Enfin, dans des cas extrêmement rares il peut être exprimé, c'est-à-dire conduire à un ARN ou à une protéine. Mais à quoi peut servir cette protéine dans cette cellule hôte ? Affirmer que le gène a la même fonction, consiste à rester au niveau de l'expression moléculaire mais certainement pas s'intéresser au phénotype. Certes, on arrive à faire produire de l'insuline à une bactérie ou des toxines bactériennes à une cellule du parenchyme de réserve caulinaire d'un plant de pomme de terre, mais la fonction de ce gène est mesurée à l'utilité pour l'homme et non pour l'organisme qui, au mieux, tolère ce parasitisme génique. Dire qu'il y a universalité de la fonction de la molécule d'ADN signifie uniquement affirmer que partout les protéines sont synthétisées à partir de l'ADN puis de l'ARN. Ce qui est déjà remis en cause actuellement. Par exemple on connaît des antibiotiques qui sont de petits peptides (avec des acides aminés L et D et des structures cycliques...) et qui sont synthétisés par une voie différente de la synthèse ADN-ARN-ribosomes et qui pourraient bien constituer une voie alternative pour certains peptides. Pour la gramicidine S bactérienne ce sont de gigantesques enzymes (plus de 15.000 aa; la plus longue chaîne polypeptidique connue...) - les peptide synthétases non ribosomiques ou NRPS (Non Ribosomial Peptide Synthetase) - qui s'en chargent. Les NRPS ont été étudiés (discrètement !) depuis les années soixante. Les progrès de la biologie moléculaire ont maintenant permis de couper ces énormes molécules en modules actifs et, en insérant leurs gènes dans des cellules procaryotes hôtes, leur faire synthétiser des peptides antibiotiques "à façon" (Demain, des antibiotiques à façon ?, Mohamed Marahiel, Nadine Kessler et Uwe Linne, 2003, La Recherche, 370, décembre 2003, p 54-58).
Pour ce qui est des notions de programme génétique j'ai déjà essayé ailleurs d'en cerner les limites (voir
commentaires du programme de seconde). Voici juste une petite citation de René Thom à ce sujet :

extrait de "La notion de programme en biologie" (René Thom, 1984f5)
I Introduction : La théorie en biologie
Depuis qu'à partir du 16e siècle, on a commencé à ouvrir les cadavres afin d'en scruter les organes internes, l'explication biologique a pris un tour résolument techniciste. On assimile l'organe à un outil, lequel, construit par l'homme en vue d'une fin connue, ne présente aucun obstacle à l'intelligibilité. Dès Harvey, ce point de vue a obtenu d'indiscutables succès. Il est indéniable que le coeur est une pompe qui refoule le sang dans ces canalisations que sont nos vaisseaux. De même, les poumons se comportent (sur le plan mécanique) comme un soufflet (mais ici l'interprétation mécaniste laisse de côté la fonction physiologiquement essentielle d'échange gazeux entre l'air et le sang). Le squelette (os + articulations) permet une interprétation mécanique immédiate. Toutes ces descriptions ont abouti à la théorie cartésienne de l'Homme animal-machine, et ce n'est guère qu'avec le plus noble de nos organes (le siège de l'âme), à savoir le cerveau, que l'imagerie techniciste est quelque peu restée courte. Mais, avec la naissance quasi-simultanée, vers 1950, des ordinateurs et de la Biologie Moléculaire, cette imagerie a connu son plus récent et peut-être son plus glorieux avatar. On a fait de l'ADN des chromosomes, du génome, l'analogue du programme qui régit le fonctionnement d'un ordinateur. Cette dernière interprétation offrait, sur le plan conceptuel, un nouvel, énorme avantage. En effet, l'imagerie techniciste des organes soulève, de manière inévitable, le problème de la finalité. Comment tous ces mécanismes d'une haute efficience, d'une parfaite efficacité, comment toute cette horlogerie pouvait-elle se construire apparemment sans horloger ? À partir du moment où l'on pouvait supposer « codée » dans l'ADN du génome toute la structure organique, le mystère s'effaçait, puisqu'il suffisait d'imaginer que l'ADN, promu au rang de démiurge, dirigeait toute l'épigenèse de l'être vivant, à la manière d'un ingénieur dictant ses ordres à ses subordonnés. Moyennant quoi, on a pu rendre admissible la finalité, rebaptisée pour la circonstance téléonomie. Et cela d'autant plus que la traduction ADN ? Protéines, via l'ARN messager était un code au sens étroit, technique, du terme, puisque cette opération associe à tout triplet de nucléotides un acide aminé bien défini. Or, dans le premier cas la situation est toute différente : il s'agit de comprendre comment « l'information » supposée incluse dans l'ADN génique, peut spécifier la structure tridimensionnelle de l'organisation embryonnaire, puis adulte. (Je parle ici des Pluricellulaires, je reviendrai sur le cas des Unicellulaires en fin d'exposé.) Pratiquement toute la théorie biologique moderne s'est trouvée enfermée dans l'homonymie abusive de ces deux emplois du mot code, et cet abus de langage l'a condamnée à une stérilité conceptuelle dont elle n'est pas encore sortie...
Comment sortir de cette impasse ? Il ne fait guère de doute que seule une certaine audace théorique peut permettre de faire avancer la question. Il faut songer à réintroduire en Biologie l'imaginaire, cet imaginaire sans lequel il n'est pas de théorie. Déjà, dans l'interprétation techniciste des organes, ne peut-on songer comme autrefois le suggéra Bergson à renverser l'ordre des termes ? Plutôt que d'expliquer l'organe par l'outil, ne faudrait-il pas plutôt expliquer celui-ci par celui-là ? Autrement dit, l'imagination intuitive qui a permis à l'Homo Faber de construire, bien avant toute science constituée, des outils doués souvent d'une remarquable efficience, cette intuition ne trouvait- elle pas son origine dans un « inconscient biologique » légué par l'évolution phylogénétique de l'espèce ? Et ceci d'autant plus que la plupart des outils ne sont en fait que le prolongement d'actions, motrices ou physiologiques, et que l'action dans son organisation spatio-temporelle, nous est organiquement léguée. Il faut reprendre ici l'axiome lamarckien : la fonction crée l'organe non pas au sens banal qui voudrait qu'une structure organique se crée ou se développe à la suite de l'usage qui en est fait, mais de manière plus abstraite, plus « platonicienne ». Toute la régulation épigénétique et comportementale d'une espèce repose sur une structure formelle de caractère géométrique (topologique) qui se réalise dans l'espace des activités métaboliques de l'organisme ; une « fonction » apparaît alors comme le dispositif régulatoire partiel afférent à l'homéostasie d'un paramètre physiologique essentiel (teneur en réserves énergétiques, en oxygène, en déchets organiques... par exemple), et la réalisation organique d'une telle fonction peut comporter les agents physico-chimiques les plus variés, comme les organes les plus divers. (Par exemple, la communication entre animaux d'un même groupe social peut employer des signaux olfactifs, sonores, visuels... souvent dans un même but). Toutes ces « fonctions » concourent ainsi à la canalisation de la dynamique dans l'espace des activités métaboliques, formant ainsi un « attracteur » global (que j'ai proposé d'appeler la figure de régulation de l'espèce considérée). »

Je précise que l'article de Thom représente 25 pages de théorie détaillée sur cette idée.

* un paradigme est, au sens de Thomas Kuhn (Structure des révolutions scientifiques, Paris, 1972) une théorie scientifique qui, à un moment donné, est accepté par la majeure partie des scientifiques. Le passage d'un paradigme à l'autre, au cours de l'histoire constitue une révolution scientifique.