humanisme...

Ces idées sont formulées avec mes mots mais souvent très proches des paroles de Jean-Paul II. Toute déformation de sa pensée serait de mon fait. Ne pas hésiter à se reporter par exemple aux encycliques de Jean-Paul II: Le Rédempteur de l'homme, Foi et raison et La splendeur de la vérité, que l'on peut télécharger en français très facilement sur le site du vatican (encycliques Redemptor hominis, Fides et ratio, Veritatis splendor).


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Il est urgent de participer à la création d'un nouvel humanisme qui replace l'homme et sa conscience libre au centre de l'univers.

Il existe au sein de chaque homme, comme imprimé au plus profond de son coeur, une loi naturelle qui s'exprime par la voix intérieure de la conscience, qui est universelle et qui, même chez l'homme le plus enfoncé dans le mal ne peut être totalement occultée. Chaque homme, peut, avec l'aide de sa raison, retrouver ces principes inviolables et se doit d'y adhérer sous peine de se mettre à l'écart de l'humanité.

C'est sur cette dignité fondamentale de la personne humaine, sur son appartenance à une humanité qui transcende tous les autres éléments de l'univers, inanimés et animés, que repose la vérité de l'homme. L'homme, de par sa dignité inviolable, ne doit être soumis à la domination de personne. C'est en respectant, en servant, en aimant la vie et tout spécialement la vie humaine que l'homme peut atteindre le bonheur et la paix. La liberté de l'homme doit être fondée dans sa vérité. Elle ne repose pas sur l'opinion, sur son propre moi, mais sur sa dignité de personne qui trouve ses racines dans la loi naturelle qui est la vérité de l'homme.

Cette culture de vie , au service de la vie, est fondamentalement opposée à une culture de mort, qui se sert de la vie, une culture utilitariste qui considère la vie au service de l'homme, de certains hommes, finalement du violent, de l'orgueilleux. On peut aussi opposer la culture de l'être à la culture de l'avoir.

La science, connaissance du réel réalisée à l'aide de la raison, refuse de servir les intérêts de quelques-uns contre la dignité de l'homme. La science ne peut se mettre qu'au service de la vie, et non être au service du bien-être, du plaisir, de certains. La phrase de Pascal est on ne peut plus actuelle: "science sans conscience n'est que ruine de l'âme". On remplace la liberté des consciences par une conception hédoniste et égoïste de la liberté prise comme le droit à la recherche individuelle de son propre plaisir et bien-être.

Dans un monde sans conscience, la souffrance n'a plus de signification. Au lieu de rechercher au fond de sa conscience son explication, l'homme n'y voit plus qu'une absurdité, un ennemi à chasser du monde. Le paradoxe vient de ce que plus l'homme tente de chasser la souffrance et de libérer certains hommes de la souffrance, plus il fait souffrir d'autres hommes.

Cet humanisme doit laisser une place pour Dieu, dans la liberté absolue des consciences. Dieu ne s'impose pas, c'est à chacun de le chercher. Mais un humanisme qui se fermerait à Dieu et à sa recherche est en contradiction avec lui-même.

«La liberté est certainement un droit humain fondamental auquel on ne peut pas renoncer, mais elle ne se caractérise pas par le pouvoir de choisir le mal mais par la possibilité de faire responsablement le bien, reconnu et désiré comme tel.» (Allocution du 6-06-1988)

« Aujourd'hui, la réflexion épistémologique la plus attentive reconnaît la nécessité que les sciences de l'homme et celles de la nature recommencent à se rencontrer, afin que le savoir retrouve une inspiration profondément unitaire. Le progrès des sciences et des technologies place aujourd'hui entre les mains de l'homme des possibilités merveilleuses, mais également terribles. La conscience des limites de la science, en considérant les exigences morales, n'est pas de l'ordre de l'obscurantisme, mais bien la sauvegarde d'une recherche digne de l'homme et placée au service de la vie. » (Discours pour le Jubilé des Universitaires - 10-09-2000)


... et morale

Les valeurs oui, mais aussi une morale car il faut agir...
On a tendance parfois à diminuer les finalité des actes (moralité) au profit de ce que l'on appelle la référence aux valeurs. Mais du point de vue métaphysique la valeur n'est que le bien au regard de la causalité formelle (le bien comme plénitude d'être, statique) alors qu'il est une fin au regard de la causalité finale (le bien dynamique comme finalité de l'action). Etant donné que l'homme est tout un (tout comme le bien), il est certain que l'éthique est à la fois science (spéculative) et pratique (art). La seule référence aux valeurs est insuffisante, il faut considérer l'agir moral. A quoi sert-il à l'homme de connaître la vérité (valeur) si ce n'est pour en vivre (morale) ?
Quelles valeurs ? Quelle morale ? Je renvoie par exemple aux textes de Piaget comme point de départ d'une réflexion.

Ce qui suppose aussi de savoir ce qu'est le mal...
Le mal est défini métaphysiquement comme privation d'un bien. N'ayant pas de cause formelle, car il est privation, il n'existe pas dans le Bien absolu (qui est Dieu dans la foi). Il n'est jamais voulu par lui-même car il n'est pas cause finale (la volonté de l'homme est toujours mue par un bien, même désordonné par rapport à la fin). Le seul mal est -ce que les religions chrétiennes appellent le péché- "adversio ad Deo et conversio ad creaturas", un désordre de la volonté qui se tourne vers les objets (êtres créés) au mépris de Dieu. C'est aussi dans la foi que l'on trouve la réponse au sens de la souffrance: la souffrance n'est pas un mal mais la conséquence du péché sur la nature humaine qui est créée pour le bien et qui fait le mal. Pour les chrétiens toute souffrance est participation à la souffrance rédemptrice du Christ et donc un bien pour l'homme. Très souvent j'ai entendu opposer la douleur des autres à la bonté de Dieu, mais cette douleur, dépersonnifiée (les guerres, des viols...) et souvent très éloignée de nous, n'est qu'un prétexte pour ne pas regarder notre popre douleur et oser la comparer à la bonté de Dieu. C'est tout autre chose que d'essayer d'opposer ses propres souffrances à l'amour d'un Dieu crucifié que de balayer d'un "je ne peux pas croire à un Dieu bon qui permet tant de souffrances dans le monde". La rencontre du Christ se fait dans les consciences individuelles. Et elle ne peut déboucher que sur une réponse personnelle. Un homme qui est allé à la rencontre de la souffrance des autres n'écarte pas Dieu d'un geste; bien souvent c'est là qu'il a rencontré le Christ. Le Christ se cache bien plus à l'homme qui n'a aucune souffrance et a tout ce qu'il désire.

La loi et la raison, la loi naturelle, la conscience....
La loi et la fin s'identifient dans la raison. La loi, produite par la raison, est la règle ou la mesure des actes. La loi est donc la promulgation par celui qui a en charge la communauté de cette ordination de la raison au bien commun.
Je crois qu'il existe une loi naturelle, qui pour moi est participation de la loi divine éternelle. Cette loi naturelle est accessible à tout homme de "bonne volonté" (on revient toujours à la nécessité d'avoir une volonté droite et surtout à l'absolu nécessité de la liberté sans laquelle on ne peut fonder une loi naturelle). C'est sur elle que l'on peut fonder une éducation morale pour tout homme, au-delà des distinctions sociales ou religieuses. Je fais référence ainsi à un humanisme ouvert à Dieu (voir ci-dessus). Le risque de laisser l'homme, l'enfant, vraiment libre de trouver en lui cette loi est incontournable, ce qui fait de chaque éducateur un accompagnateur qui s'expose comme modèle.
Ce comportement de l'éducateur, loin de transmettre avant tout un savoir (qui serait figé), expose la science comme une étape de l'évolution du savoir, s'expose comme témoin vivant de l'histoire. (Je renvoi à quelques extraits du livre de Marguerite Léna qui sont pour moi extrêmement clairs mais je suis bien conscient qu'ils ne sont pas fait pour tout le monde: la réflexion théologique catholique y est indissociable de la réflexion humaniste).
La conscience étant alors le jugement de chacun (subjectif) sur la moralité d'un acte singulier. Ce qui fait que la conscience de chacun est libre car la conscience morale est un acte (liberté des consciences individuelles) mais il n'y a pas de liberté de conscience dans le sens ou tout acte moral aurait la même valeur, ce qui reviendrait à dire que toute fin se vaut et que l'homme détermine seul la valeur de ses actes. La conscience n'est qu'un jugement. Je renvoie le lecteur aux lignes sur l'éthique du cours de terminale.

La loi naturelle transcende la nature biologique de l'homme. L'homme reste un mystère qui vaut la peine d'essayer de percer...
En ce qui concerne les liens entre la biologie et la morale, le point fondamental à mon avis est que l'on ne peut pas trouver, dans la nature biologique de l'homme, les fondements ni de la nature humaine, ni de l'éducation, ni de la morale. La science expérimentale, et donc la biologie, est limitée et à la fois par son objet et par sa méthode. Toute écologie, proprement scientifique (et expérimentale) est donc très limitée dans ces conclusions et ne peut prétendre englober la vie de l'homme ou lui indiquer sa voie. Tout au plus peut-elle en être le symbole ? (L'esprit de l'éducation, p 137: « Œuvre d'amour et de parole, l'éducation est affaire d'homme. L'ordre biologique la symbolise, mais il ne la fonde pas »).
L'objectif de Jean Piaget dès le début de sa vie fut de fonder une morale scientifique comme nous l'expose Constantin Xypas dans la préface de son livre "La morale à l'école" ainsi que dans un article intitulé: le projet moral et éducatif de Jean Piaget. Je renvoi aux très larges extraits de ce livre que j'ai compilé. Le point sur lequel je voudrais particulièrement insister est sa conclusion concernant le passage de la morale autonome à la morale hétéronome, qui est un des points charnière de sa réflexion. Comment ne pas y trouver un solide appui ? Ce qui va de pair avec la loi naturelle, à mon sens, c'est que l'homme n'est pas fait pour vivre seul. Son humanité débouche obligatoirement sur la découverte de l'autre. Jean Piaget affirme et pense être capable de prouver que c'est au contact des autres que se forge cette morale adulte. Elle nécessite et appelle la confiance et finalement débouche sur le don (le terme "confiance" a une étymologie qui en indique la richesse de sens encore si actuelle: du latin "cum = avec" et "fidere=avoir foi, compter sur").

En ce qui concerne la bioéthique je renvoie d'abord au chapitre sur l'éthique du cours de terminale, ensuite à l'annexe (extraits) du livre "La construction des sciences" de Gérard FOUREZ (3ème édition revue, De Boeck Université, 1996) qui pose pas mal de questions, sans y répondre, et enfin au chapitre :"Grandeur et faiblesse des positions bioéthiques" dans "Les corps transfigurés (extraits) (Mécanisation du vivant et imaginaire en biologie)", de Michel Tibon-Cornillot, Seuil, 1992) qui pose lui aussi de vraies questions ("l'humanisme thérapeutique") avec un point de vue original (même si je ne partage les vues d'aucun de ces auteurs).