L'écocitoyenneté...


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Sources principales
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Eduquer à l'environnement, Pierre Giolitto et Maryse Clary, Profession enseignant, Hachette Education, 1994
*Pédagogie de l'environnement, Louis Porcher, Pierre Ferran et bernard Blot, armand colin, 1975
* Guide des actions éducatives pour la nature et l'homme, Manuel pédagogique et expérimental, Fondation Nicolas Hulot pour la nature et l'homme, 1996
* articles de l'
Encyclopédia Universalis (version 5 sur CDRom): écologie, environnement, citoyenneté, civisme, civilité, philosophie politique, démocratie....et tant d'autres
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L'éducation morale à l'école (De l'éducation du citoyen à l'éducation internationale), Jean Piaget, Édition de Constantin XYPAS, Anthropos (diffusion Economica, 49, rue Héricart, 75015 Paris), 1997
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L'esprit de l'éducation, Marguerite Léna, 1981, Communio, Fayard
(* Une éducation pour l'environnement, André Giordan et Christian Souchon, CNDP Nice et Z'Editions, 1992)
* articles de la revue DEES sur la citoyenneté:
- Citoyenneté et civilité aujourd'hui : quelques éclaircissements, Armand CHANEL, DEES 118/ décembre 1999, p 69-75
- Enseigner la science politique et/ou éduquer à la citoyenneté, Armand CHANEL, DEES 119/ mars 2000, p. 5-23
- Quelle finalité pour l'ECJS ? Un citoyen de la polis ou un citoyen policé ?, Jean LAWRUSZENKO, Vincent MONETTI et Daniel RALLET, DEES n° 119 / mars 2000, p. 33-36
- De la nécessité d'une solidarité fraternelle, Jean LAWRUSZENKO, extrait de la revue La Mazarine, éd. du Treize Mars et publié dans DEES n°119 / mars 2000, p. 78-86
Le néologisme est très récent et, comme je n'en connais pas l'origine (toujours le problème du domaine de compétence...), je crains de n'être obligé de faire comme beaucoup et de me référer à l'étymologie pour lui donner un sens.

1. citoyenneté

La citoyenneté est une notion politique... le citoyenneté est-elle éducable ?
Je m'appuie sur la richesse de la réflexion actuelle des enseignants sur la citoyenneté, étant donné que l'ECJS a été imposée à l'ensemble des enseignants du secondaire par le pouvoir politique. Je renvoie à quelques articles récents, extraits de la revue de Sciences économiques et sociales: DEES. Le problème majeur et que l'on ne s'intéresse plus à la nature de l'homme mais à l'organisation politique et sociale de la communauté humaine. La réponse est donc très différente en fonction du regard que l'on a. Soit on essaye d'avoir une réflexion globalisante, mondiale, qui puisse s'adapter à tout type de société, et on est alors clairement dans le domaine de l'utopie. Soit on ne s'intéresse qu'à la citoyenneté dans la France de ce début de XXIème siècle, en étant bien conscient que nos conclusions et nos propositions éducatives NE SONT PAS EXPORTABLES À D'AUTRES PAYS, À D'AUTRES ÉPOQUES, OU À D'AUTRES RÉGIMES POLITIQUES.
On est clairement dans la deuxième alternative dans les pages qui suivent. Enseigner la citoyenneté est simplement faire des sciences économiques et sociales avec une dimension politique forte.
La réponse à mon avis la plus encourageante est que, d'après André Chanel, il n'y a pas de crise de la citoyenneté. C'est au contraire une utopie créatrice qui se porte bien. La civilité est par contre sans aucun doute en crise. L'ECJS est une très mauvaise et fausse réponse du gouvernement d'après Jean LAWRUSZENKO. Je le pense aussi car je crois que la réponse se situe dans l'éducation qui est pour moi d'abord le grand travail des parents.

Je reprends donc la définition de Dominique SCHNAPPER: "La citoyenneté, c'est une utopie créatrice en fonction de laquelle les différences objectives qui séparent les individus s'effacent devant leur égalité en ce qui concerne les droits et la participation politique". Le lien citoyen est un lien politique basé sur le rapport démocratique au pouvoir politique: à la fois égalitaire (un homme, une voix) et ouvert (inclusif car fondé sur des droits universels abstraits).

2. éco...

Quand à la racine éco, elle vient du grec "oïkos = habitat" mais celle-ci est employée habituellement pour désigner le concept de "milieu", souvent considéré du point de vue biologique (je renvoi par exemple aux pages de Canguilhem sur le site associé à ces pages).

On entrevoit donc que lier le concept de milieu, qui n'a rien de strictement biologique, à la notion politique de citoyenneté, fait peut-être de celui-ci un concept politique mais je ne vois pas en quoi il peut être biologique. Nous sommes dans le domaine des sciences politiques et l'enseignant de biologie n'y est certes pas à son avantage et c'est son droit de ne pas s'y lancer.
L'éducation à l'environnement peut passer par une éducation scientifique biologique, mais je ne suis pas sûr qu'il existe une éducation à la citoyenneté (voir paragraphe ci-dessus) et je ne crois pas que ce terme d'écocitoyenneté nous apporte grand-chose. Je m'efforcerai donc plutôt de ne pas l'employer pour en laisser l'usage aux politiques (en leur demandant de bien vouloir le définir quand ils l'utiliseront).

3. environnement

les sciences de l'environnement.
Puisque je me refuse à employer écocitoyenneté, qu'en-est-il du mot d'environnement ? L'Encyclopedia Universalis signale 7 sens, du plus génétal au plus restrictif : 1. fait d'environner, d'entourer; 2. ce qui entoure, qui constitue le voisinage; 3. ensemble des éléments naturels qui entourent un individu (humain, animal, végétal) ou son espèce; 4. ensemble des conditions naturelles et culturelles qui constituent le cadre de la vie d'un individu et sont susceptibles d'agir sur lui; 5. les conditions extérieures susceptibles de modifier ou non un système ; 6. ensemble des ressources (matérielles et logicielles) nécessaires au fonctionnement d'un système informatique ; 7. œuvre constituée d'éléments répartis dans un espace que l'on peut parcourir (= installation). On peut aussi se reporter à "La pédagogie de l'environnement" de Porcher et al. (armand colin, 1975) qui tente une approche par opposition de concepts et distingue d'abord l'environnement du milieu puis les environnements physique et sociologique, les environnements urbain et rural, et enfin les environnements esthétique et utilitariste.
Le constat n'est pas plus réjouissant pour l'environnement que pour la citoyenneté. Eduquer à l'environnement est souvent une éducation politique ou économique et très rarement une éducation scientifique.
Finalement avec ce type de concept multidimensionnel, le problème n'est pas d'en faire le tour mais bien de hiérarchiser les différents domaines d'étude du concept. Qui vous dira si c'est le domaine social, culturel, écologique ou économique qui prime dans l'environnement ? La réponse est à mon sens dans un humanisme qui hiérarchise ces dimensions et les valeurs qui leur sont liées.
Les sciences de l'environnement sont très rarement expérimentales. La biologie ou la géologie n'y sont cités qu'accessoirement, même si tout le monde s'accorde pour dire qu'elle y ont leur place. Sous prétexte de transdisciplinarité, on se sert de la science expérimentale pour justifier des choix politiques ou économiques. Le rôle des sciences expérimentales ne peut pas être fédérateur (voir à ce sujet par exemple le petit travail réalisé sur la poyvalence avec deux collègues de l'iufm) car elles ne répondent pas à elles seules au rôle éducatif. Celui qui fédère c'est bien l'éducateur, et pour le bien de celui qui est éduqué. L'éducation à l'environnement est avant tout un choix de personnes, un projet d'école, un projet municipal, régional, politique...
L'apport spécifique d'un enseignant de biologie-géologie me semble donc d'abord de bien définir et tenter d'approfondir chaque fois que possible les concepts scientifiques (le savoir). D'autre part il me paraît souvent nécessaire de veiller à ce que la méthode expérimentale, propre aux sciences expérimentales, ne soit pas détournée et faussement utilisée pour justifier certains objectifs économiques ou politiques, souvent fort pertinents mais pour lesquels la science expérimentale ne doit pas servir de faire-valoir.
Je repéte que je ne crois pas à une science (?) fédérative, trans-pluridisciplinaire. Il existe une hiérarchie des sciences et méthodes mais elle ne fait certainement pas l'objet d'un consensus. Personnellement, je suis intimement convaincu que la méthode expérimentale n'est pas le seul et encore moins le meilleur moyen de connaître l'homme et l'univers. Mais je suis attaché à la vérité scientifique qu'elle permet d'atteindre. Lorsqu'un maître des écoles utilise de nombreuses sciences et approches pour mener à bien un projet dans le domaine de l'environnement, les sciences expérimentales restent pour lui un moyen, et je crois que, dans ce domaine, je peux l'aider à clarifier et préciser les objectifs.

4. un exemple: le tri sélectif des déchets

en cours...