La reproduction asexuée des plantes à fleurs et à graines (Angiospermes)

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Notre petite étude est limitée aux Angiospermes chez qui la reproduction sexuée n'est pas dominante, mais il ne faut pas oublier que ce peut être le mode habituel de reproduction dans d'autres groupes de plantes et pour d'autres règnes (voir panorama de la reproduction).

On qualifie souvent de multiplication végétative ce type de reproduction asexuée car elle est réalisée à partir de fragments spécialisés ou non de l'appareil végétatif (qui comprend les racines et la tige feuillée).
Les cultures de cellules in vitro, cultures de méristèmes (zones de division situés à l'extrémité des racines et des tiges et rameaux) et même les cultures de cellules des appareils reproducteurs (éléments de la fleur), de plus en plus maîtrisés par l'homme font partie de ce que l'on appelle la multiplication végétative artificielle, qui s'ajoute à la multiplication végétative naturelle, notamment pour les espèces qui ne se reproduisent naturellement que par voie sexuée.

a. une multiplication végétative naturelle

L'idée fondamentale est que cette multiplication s'ajoute à la reproduction sexuée et parfois cache la durée de vie de l'organisme. Par exemple une graine de plante vivace (comme une tulipe) semée en terre ne donne qu'au bout de quelques années un plant feuillé et fleuri qui passera l'hiver sous forme de bulbe et donnera ensuite habituellement chaque année, au printemps, un plant fleuri. Mais chaque année le bulbe se divise en petits bulbes latéraux (bulbilles) qui correspondent à une ramification de la tige courte (plateau). Si bien que si le bulbe issu de la graine meurt, il reste d'autres petits bulbes qui ont déjà au moins un an est qui le printemps prochain donneront des plants fleuris (et se multiplieront à nouveau par ramification végétative). On a ainsi l'impression que le bulbe de tulipe vit de très nombreuses années ce qui est faux. La tulipe est bien une vivace mais sa durée de vie ne dépasse pas quelques années. Elle se reproduit essentiellement par multiplication végétative dans nos jardins mais par contre elle peut coloniser de nouveaux espaces naturels grâce à ses graines. Dans le commerce les bulbes vendus sont souvent ramifiés et contiennent donc des nouveaux bulbes, prêts à fleurir.
Pour retrouver les différents types de durée de vie et les types biologiques voir la page des généralités sur la reproduction.

Il est très rare que les plantes annuelles ou bisannuelles présentent une multiplication végétative naturelle. Cette forme de reproduction s'ajoute bien à la reproduction sexuée. Quand elle existe elle est parfois extrêmement efficace pour couvrir rapidement une grande surface (muguet, fraisier, ronces....).
En voici une classification sommaire :

des multiplications végétatives naturelles chez les Angiospermes...

fragmentation de l'organisme

marcottage naturel

les fragments complets (tige-feuilles-racines) se détachent de l'individu mère

un plant d'élodée (plante aquatique)

rhizome* du sceau de Salomon, du chiendent ou du muguet

la cardamine des prés présente de petites plantules (feuilles+ tige + racines = marcotte foliaire) qui se détachent des feuilles de la base et s'enracinent

bouturage naturel

c'est un rameau qui se détache de la plante mère et s'enracine

cas rare représenté par une cactée (Opuntia) dont les tiges feuillées en forme de raquettes se séparent spontanément de la plante et s'enracinent

formation d'organes spécialisés

stolons

rameaux à croissance horizontale (au ras de terre) et dont les feuilles sont réduites à des écailles; c'est le bourgeon terminal qui s'enracine et donne un nouvel individu.; les individus restent attachés les uns aux autres par le stolon au moins provisoirement.

fraisier (stolons aériens) ou oyat (stolons souterrains)

bulbilles

ce sont des bourgeons assurant la multiplication végétative (après une vie ralentie)

le bulbe** de tulipe présente des petits bulbes accolés (bulbilles) qui correspondent à la ramification du bulbe principal
Le bulbe d'ail cultivé présente aussi en coupe de nombreux bulbilles

la ficaire présente des bulbilles à l'aisselle de ses feuilles aériennes qui peuvent se détacher et donner de nouveaux plants

certains bulbilles sont néoformés sur les bords d'une feuille par exemple chez Bryophyllum daigremontianum

racines drageonnantes

racines à croissance horizontale sur lesquelles apparaissent des bourgeons qui donnes des tiges dressées ou drageons

le peuplier d'italie, le framboisier, le prunellier

racines ou tiges tubérisées

les tubercules*** de tige ou de racines

le dahlia a des tubercules de racines dont le bourgeon terminal donne un nouvel axe feuillé au printemps

la pomme de terre est une tige renflée dont les bourgeons axillaires donnent chacun une tige feuillée au printemps

*rhizome: tige souterraine (se développant à l'horizontal) chargée de réserves (on y trouve des bourgeons, des cicatrices de feuilles et des racines)
** bulbe : tige courte (plateau), souterraine, portant des feuilles très développées et chargées de réserves : le bulbe est une forme de tige qui est un moyen pour passer la mauvaise saison mais non pour assurer une multiplication végétative.
***tubercule : partie végétative de la plante (tige ou racine) renflée et chargée de réserves

b. la multiplication végétative artificielle

 
des techniques de multiplication végétative artificielle chez les Angiospermes....
techniques traditionnelles
bouturage

on met en terre un fragment de plante dépourvu de racines (une bouture); des racines adventives peuvent apparaître et donner naissance à un nouveau plant; pour améliorer la reprise on peut ajouter des hormones végétales de synthèse qui favorisent la formation des racines (rayon spécialisé des grandes surfaces de jardinage)

on peut faire des boutures faciles de tiges (géraniums, œillets, hortensias, rosiers...) , de rameaux (tige+feuilles+bourgeons) (peuplier), de feuilles (saintpaulia) et même de racines (pissenlit dont on coupe des rondelles de racine qui reprennent très bien par néoformation de bourgeons mais c'est un cas rare)

marcottage

cas particulier de bouturage où la bouture reste liée à la plante mère jusqu'à la formation des racines

greffage

on implante dans les tissus d'un végétal (porte-greffe ou sujet) un bourgeon (ou un fragment d'organe portant des bourgeons) que l'on nomme greffon (ou scion). Une greffe peut se faire sur un même individu ou d'un individu sur une autre

techniques variées
l'exemple le plus classique étant le pied de vigne français sensible au Phylloxéra greffé depuis 1868 sur des cépages américains résistants (on regrette qu'un plant greffé ne vive que 25 à 60 ans alors que le plant isolé peut produire du raisin pendant 200 ans)

culture in vitro

on provoque la formation de méristèmes (bourgeons mal organisés) de tiges et de racines à partir de très petits fragments d'organes végétatifs, de culture de tissus (ou d'embryons) ou même de cellules isolées ou de protoplastes (cellules dont la paroi a été enlevée).
le point essentiel est que les méristèmes cultivés qu'ils soient prélevés ou qu'ils soient néoformés, ne présentent quasiment jamais aucune infection bactérienne, virale ou mycosique (de champignon).

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