Je parle...je chante


retour accueil
cours, formulation par cycle
Le monde des sons, Dossier Pour la Science, Hors-Série n°32, juillet-octobre 2001 (La voix humaine, Robert Sataloff, p 10-15)

La parole, très souvent considérée comme activité propre de l'homme, est rarement étudiée comme fonction biologique. Elle fait sans aucun doute partie du travail de relation. Elle est communication avec les autres. Elle met en jeu des organes de phonation et est une véritable gymnastique des muscles du larynx, du pharynx, de la langue et des parois de la cavité buccale d'une façon générale. Elle nécessite donc une coordination musculaire qui passe par un apprentissage, même si, dans le cas général, cet apprentissage se fait naturellement dans le milieu familial depuis les tout premiers temps après la naissance (il suffit pour s'en convaincre de voir les parents essayer de faire répéter les premiers mots à leur enfant en détachant les syllabes, en arrondissant la bouche....). En se limitant à l'aspect biologique, nous laisserons de côté la structuration de cette parole, la signification de celle-ci ainsi que l'expression de la pensée, d'un sentiment, ou d'une sensation, par cette parole.

 
(les deux dessins du larynx d'après Dossier Pour la Science, hors série n°32, juillet-octobre 2001, p 10)
L'organe essentiel de la phonation est le larynx, extrémité différenciée de la trachée artère comprenant des pièces squelettiques cartilagineuses et des muscles. Les "cordes vocales" sont des muscles intrinséques au larynx (c'est-à-dire reliant les différentes pièces squelettiques entre elles) qui comportent un revêtement souple et élastique formant une muqueuse. Ces cordes vibrent au passage de l'air et provoquent des sons audibles. La hauteur des sons dépend d'abord de la tension des cordes, elle-même liée à l'action de certains muscles intrinsèques (par exemple les muscles cricoaryténoïdiens qui déterminent la hauteur des sons en augmentant la tension longitudinale des cordes vocales) et extrinséques (reliant le larynx aux structures anatomiques voisines) qui modifient aussi la forme du larynx et modulent la voix (le larynx se déplacant naturellement vers le haut quand la voix monte et vers la bas lorsqu'elle descend, il est nécessaire, pour contrôler sa voix de maintenir son larynx dans une position la plus fixe possible...). Mais interviennent aussi les muscles de la cage thoracique ou de l'abdomen. On parle ainsi d'appareil vocal subglottique pour désigner les poumons et les muscles de la cage thoracique, de l'abdomen, du dos et de la poitrine. Cet appareil, que les chanteurs appellent leur "appui" ou "soutien", confère sa puissance à la voix. Le pharynx (partie de la gorge située entre la bouche et l'œsophage) ainsi que les cavités buccales et nasales agissent comme des résonnateurs qui atténuent certaines fréquences. Un chanteur expérimenté possède 4 ou 5 bandes de fréquences dominantes ou formants.

A l'attaque d'un son les deux cordes vocales sont en contact l'une de l'autre et la glotte est fermée. Lorsque les poumons expulsent l'air qu'ils contiennent, la pression sous la glotte augmente, écarte progresivement les cordes vocales en les poussant de bas en haut. La glotte finit par s'ouvrir et l'air s'y engouffre. La fermeture de la glotte se fait par retour élastique des cordes lorsque la pression de l'air dans la glotte diminue. La vibration accoustique résulte du hachage du courant d'air passant dans la glotte modulée par l'élasticité et la vibration de l'épaisseur de la lame des cordes vocales (la fermeture se fait d'abord dans leur partie inférieure puis par la partie supérieure). La voix est donc plus comparable à une séries d'applaudissements qu'à la vibration d'une corde d'un instrument de musique. Une voix enrouée peut résulter d'un manque d'élasticité des cordes qui referment la glotte de façon moins symétrique. La fréquence fondamentale de la voix (hauteur du son) est associée à des fréquences secondaires plus élevées (harmoniques) et dépend directement du nombre de cycles d'ouverture-fermeture de la glotte par seconde.
Il n'y a pas de différence fondamentale entre l'intensité vocale maximale d'un chanteur professionnel et d'un débutant, ni entre les différents spectres de voix de ces personnes. Le professionnalisme des premiers vient du développement d'un formant particulier (un formant est une bande de fréquence qui est déterminé par la configuration antomique et physiologique du chanteur).

fréquence moyenne du formant en Hz (nombre de cycles d'ouverture-fermeture de la glotte par seconde)

voyelles parlées
basses
barytons
ténors
mezzo-sopranos
sopranos légers
2300-3200
2400
2600
2800
2900
3200

 On parle de phonation libre lorsque l'on ne force pas sa voix, que la pression de l'air est faible au niveau de la glotte et que l'appareil subglottique n'est que peu sollicité. La phonation forcée, habituelle chez les enseignants mobilise essentiellement l'appareil subglottique et la pression de l'air au niveau de la glotte est élevée. Ce forçage de la voix, peu efficace, conduit à des déformations irréversibles du larynx. Les laryngologues ont maintenant des moyens d'investigation très efficaces pour établir un diagnostic dans le cas d'une voix abîmée. Notamment la strobovidéolaryngoscopie associant un microphone au voisinage du larynx et déclenchant un stoboscope qui permet de suivre les mouvements de la glotte au ralenti lorsque la fréquence des éclairs lumineux du stroboscope est décalée de quelques hertz par rapport à la fréquence des cycles de fermeture-ouverture de la glotte. On peut ainsi découvrir des asymétries, des excroissances, des cicatrices, des carcinomes naissants par exemple. On sait aujourd'hui rééduquer la voix endommagée en évitant un recours à l'opération chirurgicale. Cette dernière reste nécessaire en cas de polypes ou de kystes par exemple mais de nombreux diagnostics bénins conduisent à des opérations de microchirurgie sur l'épithélium des cordes (notamment avec des lasers dans le cas d'hémorragies localisées au niveau des cordes vocales) sans toucher aux couches élastiques et musculaires sous-jacentes.

Dans le chant de gorge (voir l'article: Le chant des Touvas, Théodore Levin et Michael Edgerton, Le monde des sons, Dossier Pour la Science, Hors-Série n°32, juillet-octobre 2001 , p 16-19) une harmonique devient totalement dominante et est perçue comme un son distinct, proche d'un sifflement dont on n'arrive pas à déterminer l'origine (gorge du chanteur, espace environnant...). Ce chant s'apprend et ne résulte pas d'une conformation particulière anatomique ou physiologique. Le chanteur apprend à positionner leur son fondamental de façon à ce qu'une harmonique coïncide avec un formant et amplifie ainsi cette harmonique qui résonne alors de façon originale et distincte du son fondamental. Le fait de fermer quasiment la bouche , de déplacer la mâchoire vers l'avant, d'avancer, d'amincir et d'arrondir les lèvres, sont autant de procédés qui minimisent les pertes d'énergie et permettent de renvoyer les résonnances vers les cordes vocales ce qui amplifie l'intensité du son.

Le contrôle cérébral de la parole est l'exemple le plus marqué de latéralisation: en effet, la presque totalité des aires cérébrales impliquées dans le langage sont situées dans un seul hémisphère, le plus souvent l'hémisphère gauche.
Lors d'études réalisées chez des patients atteints de différentes destructions cérébrales on a pu mettre en évidence le rôle central de l'aire de Broca (aire corticale frontale) qui, détruite, empêche le patient de parler spontanément, même s'il reste capable d'émettre des mots inadaptés et sans suite. Cette aphasie motrice verbale est cependant distincte de la compréhension du langage qui persiste chez ces personnes. Elle s'accompagne souvent d'une agraphie, incapacité d'écrire. Les patients souffrant d'une lésion des aires situées en contrebas de l'aire auditive primaire (aire de Wernicke) présentent une altération du langage parlé: les mots ne sont pas compris ni répétés. Par contre la parole spontanée est possible malgré une perte de cohérence des sons souvent émis sans suite. On parle d'aphasie sensorielle, souvent associée à une alexie, perte de la capacité à lire. Le gyrus angulaire est une zone plus délimitée qui semble contrôler la compréhension du langage écrit.
En réalité, d'une part ces formes d'aphasie pures sont très rares, les symptômes sont mélangés (et les causes aussi...?) et d'autre part il y a une plasticité des aires impliquées dans le langage : ainsi, si un enfant, après avoir appris à parler, subit accidentellement une destruction des aires de la parole de l'hémisphère gauche, on observe après une période d'aphasie complète, une rémission progressive avec un retour à une fonction verbale complète à partir de l'hémisphère droit au bout d'environ une année. Cette plasticité ne semble possible que jusque vers 8 à 10 ans, ce que l'on explique par l'utilisation de l'hémisphère droit pour d'autres tâches comme l'orientation spatiale....

Voici des données plus complètes extraites de l'Encyclopedia Universalis (certaines sont modifiées : article phonation, mais je vous encourage à aller en consulter d'autres: disphonie, voix, orthophonie..., la voix fait sans aucun doute partie de vos outils de travail d'enseignants)

Dans la voix parlée, l'usage veut que l'on distingue l'émission des sons vocaliques (exprimés sous forme de voyelles), basée sur une dominante laryngée, et qui constitueront les formants de la voyelle, et l'émission des sons consonantiques plus diversement réalisée par les éléments supérieurs de la zone bucco-pharyngée. D'après certains auteurs comme Abraham Molès, l'émission des sons vocaliques conférerait un caractère esthétique au discours (intonation, mélodie), tandis que l'émission des sons consonantiques dégagerait son contenu sémantique (résonance). Cependant les recherches dans le domaine de la psycho-accoustique auditive permettent de penser que la perception et l'identification des sons du langage par les centres nerveux s'effectuent globalement et que, pour le décodage de l'énoncé, la forme générale de l'ensemble (Gestalt) importe davantage que l'analyse des éléments.

La mécanique fonctionnelle
Il est classique de diviser l'appareil phonateur de l'homme en trois segments: la soufflerie pulmonaire, qui alimente la fourniture acoustique du son glottique; le larynx, qui détermine la hauteur du son fondamental émis; les résonateurs, dont dépendent les modulations du son laryngé, qui sont constitués par les différentes portions du pavillon cervico-facial ou pharyngo-buccal.

  • la soufflerie pulmonaire
    L'émission de sons prolongés et durables se fait pendant la phase d'expiration, ce qui nécessite son maintien et son contrôle, le débit inspiratoire s'en trouvant alors diminué. La seule commande volontaire possible est la musculature de l'abdomen. Cette sangle abdominale, qui maintient en place les viscères abdominaux, refoule le diaphragme (par l'intermédiaire de ces viscères) et chasse l'air avec toute la progressivité désirable.
  • Le larynx
    Le larynx est constitué d'une série de cartilages superposés. L'inférieur apparaît comme un anneau différencié de la trachée, fermé en arrière par une plaque verticale qui lui donne l'aspect d'une chevalière. Au bord de ce chaton, deux petites pyramides (aryténoïdes) glissent et pivotent; elles servent de point d'attache postérieur aux cordes vocales. Celles-ci s'insèrent en avant dans l'angle d'un volumineux cartilage («thyroïde») en forme de bouclier ou de proue de navire, dont la saillie antérieure prend le nom de «pomme d'Adam».
    En basculant sous ce bouclier, l'anneau cricoïdien entraîne avec lui les pyramides aryténoïdiennes; ainsi, les deux points d'attache des cordes vocales s'éloignent, assurant leur mise en tension; les muscles tenseurs sont les cricothyroïdiens.
    D'autres muscles interviennent pour écarter ou rapprocher les pyramides, par conséquent ouvrir ou fermer la glotte. Le système nerveux comprend deux branches du nerf pneumogastrique: le laryngé supérieur, qui assure la tension des cordes à l'aide d'une boucle sensitivo-motrice, et le laryngé inférieur, qui s'adresse à tous les autres muscles.
  • Rôle des cordes vocales
    Le fonctionnement des cordes vocales est interprété actuellement en terme de myoélasticité périodique passive avec un simple contrôle nerveux. L'émission période de sons étant due à une rupture d'équilibre entre le sphincter glottique maintenu fermé par les tenseurs et abducteurs, d'une part, et la pression sous-glottique commandée par la remontée du diaphragme, d'autre part. L'augmentation de cette pression force le barrage glottique et laisse échapper une bouffée d'air; la pression s'étant de ce fait abaissée, les muscles sont ramenés à leur position initiale d'occlusion par leur propre élasticité et le phénomène se reproduit ainsi périodiquement. A cet automatisme myoélastique (théorie myoélastique complétée: A. Fessard, B. Vallancien, J. Perello) s'ajoute le rôle du contrôle dévolu à l'arc réflexe sensitivomoteur du nerf laryngé supérieur, ainsi que les phénomènes aérodynamiques impliqués par le rétrécissement glottique, qui provoquent une brusque fermeture par aspiration de la muqueuse.
  • Rôle des résonateurs
    Les résonateurs sont formés essentiellement du pavillon pharyngo-buccal, auquel il faut adjoindre la possibilité d'une participation des cavités nasales lorsque le voile du palais est abaissé.
    Le pharynx inférieur, séparé de la bouche par les piliers amygdaliens, constitue un premier résonateur ; la cavité buccale, grâce à sa cloison mobile, la langue, peut être considérée comme constituant deux résonateurs, auxquels il faut adjoindre parfois le résonateur labial.
    On doit donc décrire dans ce pavillon des parois fixes (maxillaire supérieur, paroi postérieure du pharynx et éventuellement fosses nasales) et des parois mobiles (voile du palais, isthme du gosier, langue, maxillaire inférieur, lèvres). Ces résonateurs tapissés de muqueuses sont peu amortis, leurs fréquences propres dépendront de leur volume, de leurs orifices et de leur couplage. Cela permettra une combinaison importante d'émissions phonémiques (Roman Jakobson).

La parole et la voix
Le vibrateur laryngé de par sa nature et son fonctionnement n'engendre pas des ondes sinusoïdales, mais se comporte comme un générateur de signaux rectangulaires. Si l'ouverture glottique s'établit progressivement, la fermeture est toujours un accolement brutal des muqueuses des lèvres vocales. On obtient ainsi des impulsions successives, dont la fréquence détermine le son fondamental. Ce son de base est naturellement riche en harmoniques.
Les résonateurs auront pour rôle d'exercer un tri parmi ces partiels en créant un filtrage. La combinaison de deux ou trois de ces premières harmoniques donnera naissance à un son vocalique.
Le son consonantique s'apparente davantage au bruit, soit d'explosion (plosives ou occlusives), soit d'écoulement par frottement (fricatives), soit de sifflement (sifflantes), soit de roulement (vibrantes), etc. Cette combinaison de bruits et de sons complexes, répartie judicieusement, donnera naissance aux phonèmes puis aux mots.
La voix chantée est due à la possibilité d'utiliser le larynx comme un instrument à vent et relève de l'extrême souplesse de l'organe vocal, de son ajustement avec les résonateurs et de la mobilité de sa musculature.
Dans le chant, l'exécution de la gamme en montée se fait à partir d'une position basse du larynx où les muscles sont ramassés, où les cordes sont épaissies et où elles s'accolent sur toute la hauteur de leur paroi interne. Il s'ensuit que l'importance de la masse, à laquelle s'ajoutent la longueur totale vibrante des rubans vocaux et l'accroissement dimensionnel de la cavité sus-glottique, favorise les sonorités graves.
En montant la gamme, le chanteur élève le larynx, les cordes étirées s'amincissent, la profondeur d'accolement diminue, le volume du résonateur sus-jacent aussi. Le son, pour toutes ces raisons, tend à s'élever en fréquence.
Mais cette montée a des limites et, lorsque les cordes parviennent à une tension excessive, le son devient détimbré, criard. C'est l'émission en voix ouverte des chanteurs, qui est fortement déconseillée parce que disgracieuse et dangereuse. La technique du passage aidera à franchir ce cap pour retrouver une position plus adaptée dans un nouveau registre dit «de tête», où le son pourra sans effort et sans altération être à nouveau émis. D'après H. Lullies, cet exercice serait rendu possible par un blocage de la partie externe des cordes, dû à la contraction des muscles périphériques et qui autoriserait une détente du reste de la musculature sans relâchement de la tension des rubans vocaux, excepté dans leur portion marginale. Cette reposition du larynx permettrait d'accéder à un registre supérieur.
Grâce à ce mécanisme, le bord des cordes entre seul en vibration. Parfois même la longueur de la corde vibrante est réduite par suite d'un accolement provoqué de leur partie postérieure (J. Tarneaud).
Les sons émis avec ce mode vibratoire sont de timbres très différents des sons de poitrine ouverts de même hauteur: ils sont moins volumineux, moins sonores et plus stridents (R. Husson).
Paul Moore réserve le nom de «processus d'amortissement» à ce mécanisme musculaire qui produit l'élévation de la hauteur tonale. Pour lui, il serait dû à la réduction de l'unité de masse et à un accroissement de la tension interne de la corde vocale.
En résumé, au moment du passage, il se produit une contraction du faisceau le plus externe de la corde vocale, qui se trouve ainsi immobilisé, diminuant d'autant la partie interne dont la masse réduite demeure libre de vibrer à un régime plus élevé. Cette contraction d'une des couches musculaires pour faciliter le relâchement de l'autre a reçu confirmation expérimentale sous forme d'un couplage de deux ondes électromyographiques recueillies sur les cordes vocales lors de l'excitation du nerf laryngé supérieur (A. Fessard, B. Vallancien).

Problèmes cliniques et thérapeutiques

  • Exploration fonctionnelle
    La connaissance du mécanisme de la fonction phonatoire du larynx a été rendue possible, depuis les années 1960, grâce à la multiplicité de techniques modernes qui ont permis de capter l'intimité du processus de la vibration laryngée de l'homme. Parmi les plus précieuses de ces méthodes, il faut citer celles qui utilisent le procédé endoscopique (celui-ci, avec l'aide du cinéma, délivre une étude au ralenti avec enregistrement de la trace oscilloscopique sur le bord du film) ou encore la radiocinématographie avec enregistrement sonore synchrone et la magnétoscopie. Enfin, la strobocinématographie avec asservissement de la lumière par le son immobilise l'image glottique sur une phase déterminée.
    Citons aussi les procédés électroniques, parmi lesquels l'électromyographie, la glottographie, la transillumination glottique (B. Sonneson), l'ultrasonographie, et d'autres qui demeurent encore du domaine du laboratoire, telles la photokinétographie (A. Fessard, B. Vallancien) ou la cinédensigraphie (Marchal, B. Vallancien). Mais ces diverses techniques ont l'inconvénient de n'intéresser chacune qu'un des paramètres qui interviennent dans le mécanisme vibratoire des cordes vocales.
    Le larynx, en effet, est un organe caché qui se livre difficilement à l'investigation, protégé par les différents cartilages qui le composent; les contours de ses tissus mous sont difficilement visibles aux rayons X. Le larynx étant placé au-dessus du pharynx et en connexion étroite avec les voies respiratoires inférieures, son exploration endoscopique ne peut s'exécuter sans entraver les conditions d'émission normale des sons. Seuls les procédés utilisant des capteurs externes permettent une étude du comportement physiologique de cet organe dans toutes ses possibilités de réalisation vocale.
    D'autre part, ces méthodes ont l'inconvénient d'être aveugles. Ainsi une pratique tend maintenant à se généraliser dans les laboratoires: celle de l'analyse des enregistrements synchrones obtenus à partir de plusieurs capteurs afin de comparer à tous moments les variations des graphiques des différents tracés. Cette méthode pluriparamétrique, en temps réel, semble être la plus valable et la plus sûre pour autoriser des conclusions sur le mode vibratoire du larynx (laboratoire de l'U.E.R., «Phonation et recherches sur le langage», Institut de phonétique de Paris).
    Au total, depuis 1950, les progrès des techniques électrobiologiques ont fourni un grand nombre de données concernant les problèmes posés par le geste phonatoire chez l'homme. S'il demeure encore quelque obscurité sur le mécanisme intime d'émission des sons du larynx, une meilleure connaissance de son fonctionnement permet de nos jours d'opposer aux désordres fonctionnels une thérapeutique rééducative plus logique et plus efficace.
  • Orthophonie
    La phonation repose sur une utilisation correcte et souple des différents organes concernant la production du son:
    • La coordination pneumo-phonique.
      La respiration doit être costo-diaphragmatique afin de permettre un soutien efficace de la voix, sans efforts de la partie supérieure du thorax. Ensuite, une bonne synchronisation respiration-voix est nécessaire pour une émission vocale souple et détendue. La voix doit être émise sur l'expiration; les temps d'inspiration correspondront à la ponctuation: virgules, points dans le discours, soupirs dans la phrase chantée. Un geste respiratoire adapté permet au sujet de parler sans essoufflement ni reprises bruyantes. Enfin, une bonne utilisation du souffle permet d'obtenir l'intensité désirée.
    • La hauteur .
      Celle-ci dépend de la longueur des cordes vocales, de la capacité respiratoire et des dimensions des cavités de résonance. Certaines dysharmonies organiques constituent une gêne au bon fonctionnement du larynx, à savoir: de grandes cordes vocales avec un thorax étroit et de petites cavités de résonance; ou, inversement, de petites cordes vocales, une capacité pulmonaire importante et de grandes cavités de résonance. Il faudra donc obtenir que le sujet s'adapte pour le mieux aux conditions organiques qui lui sont imposées et trouve la hauteur qui lui permet d'émettre une voix claire, sans effort, dans une position relativement détendue.
    • Les cavités de résonance.
      Une bonne utilisation des résonateurs sera un facteur déterminant de l'esthétique de la voix: coloration, richesse du timbre. Il faut éviter ou corriger les différents troubles de la résonance, notamment la voix dite «dans le masque», souvent trop nasale, avec une articulation serrée et un larynx trop haut placé (nasillement), ou encore la voix trop gutturale, écrasée, avec une résonance située principalement dans la partie inférieure du pharynx.
      Une bonne résonance de la voix permet d'obtenir des modulations naturelles et une voix «qui porte loin» sans effort.
      Indications
      La rééducation vocale est indiquée dans un certain nombre de cas pathologiques: parmi ceux-ci, les plus fréquemment rencontrés sont les dysphonies fonctionnelles. Elles sont surtout la conséquence des professions dans lesquelles la voix est un instrument de travail; enseignants, avocats, hommes politiques, standardistes, réceptionnaires, acteurs, chanteurs, etc., qu'il s'agisse d'émettre dans le bruit une voix d'intensité normale ou de parler devant un auditoire plus ou moins important, ou encore en plein air.
      Même lorsque le contact avec le public n'est pas nécessaire, une voix mal placée est une source de fatigue nerveuse et son retentissement psychologique sur le sujet est souvent important. Inversement, une «belle voix», émise sans effort et capable d'intensité, donne une grande assurance à l'individu et constitue un atout précieux dans sa vie sociale.
  • Pathologie de la phonation
    • nodules
      On rencontre les nodules chez deux types de sujets: les enfants et les femmes, surtout chanteuses en tessiture aiguë (particulièrement soprano coloratur). Ils sont le résultat d'une mauvaise utilisation du larynx dans la phonation des sons aigus.
      Pour le traitement, tout dépend de l'ancienneté, de l'importance du nodule et des troubles vocaux qu'il occasionne.
      Chez l'enfant, le nodule, qui apparaît comme le résultat d'un malmenage vocal, ne doit jamais être traité chirurgicalement, mais uniquement à l'aide d'un traitement orthophonique qui consistera à obtenir une respiration correcte pour une adaptation à une émission vocale équilibrée. Il faut bien savoir du reste que ces altérations de la corde vocale chez l'enfant sont peu structurées, sujettes à des variations, et régressent souvent au cours du développement du sujet.
      Chez l'adulte, si le nodule est récemment apparu, le traitement orthophonique sera entrepris d'emblée pour deux raisons: un équilibre vocal normal constitue une sorte de massage thérapeutique, qui suffit dans certains cas à faire disparaître les modifications de la muqueuse; ce traitement orthophonique constitue un exercice préparatoire et prophylactique pour une cicatrisation correcte, dans les cas où la chirurgie pourrait devenir nécessaire.
    • Polypes
      Les polypes, petits bourgeons de la muqueuse, se distinguent du nodule par leur forme, leur unilatéralité et leur variété ).
      La plupart du temps, c'est à partir d'un exsudat sous-muqueux que l'irritation chronique ou l'allergie contribue à la formation du polype ; ou bien encore, il apparaît comme le reliquat de poussées aiguës de laryngite chronique œdémateuse inflammatoire qui ne rétrocèdent qu'incomplètement, laissant au sujet un simple enrouement. Il est important de reconnaître si la tumeur est bénigne, car elle peut être le départ d'une dégénérescence, et l'examen histologique est nécessaire.
      Le papillome multiple et récidivant de l'adulte et de l'enfant (papillomatose), qui peut apparaître dès la première enfance, est grave, car la pullulation des polypes peut déterminer une obstruction des voies respiratoires. L'évolution en est décevante, nécessitant souvent une trachéotomie. Les interventions chirurgicales itératives ne donnent qu'un répit, et laissent un larynx cicatriciel avec lequel il est parfois difficile de rééduquer convenablement la voix du patient.
    • Eversion ventriculaire
      L'éversion ventriculaire est due à une inflammation importante de toute la muqueuse du ventricule et de la partie supérieure de la corde vocale. C'est au cours d'une laryngite chronique qu'elle se constitue. La muqueuse du ventricule vient faire hernie au-dessus de la corde vocale, sous forme d'une masse gélatineuse en vessie de poisson. La voix devient enrouée, comme cassée. Le traitement sera d'abord pharmacodynamique, par pulvérisation de vaso-constricteurs destinés à décongestionner la muqueuse et à faire rétrocéder les œdèmes; s'il ne suffit pas, le galvanocautère déterminera une rétraction de la muqueuse dans la huitaine qui suit. Là aussi, le traitement orthophonique devra compléter la thérapeutique pour éviter le retour des accidents.

retour accueil


cours ,formulation par cycle