PARTIE 3 (6 points) -  REPRÉSENTATION VISUELLE

Et si nous ne percevions pas tous les couleurs de la même façon : c’est ce qu’ont voulu savoir deux équipes de scientifiques en comparant la perception de la couleur des Berinmos, une tribu de chasseurs-cueilleurs de Papouasie Nouvelle-Guinée à celle des Européens.
On cherche à expliquer la différence de perception des couleurs entre Berinmos et Européens.

Document 1 : la perception de la couleur chez les Papous
Des chercheurs ont présenté aux Berinmos un nuancier composé de 160 couleurs que nous classons en huit catégories : le marron, le rouge, le rose, l’orange, le jaune, le vert, le bleu et le violet. Les Berinmos ont réparti ces couleurs selon cinq termes – wap, mehi, kel, nol et wor [...] Chacun des groupes a nommé les échantillons (voir la figure ci-dessous) en fonction de son vocabulaire et ainsi défini les catégories de couleurs propres aux deux cultures. On constate notamment que les frontières des couleurs ne se superposent pas, c’est-à-dire qu’une couleur unique (le nol) aux yeux des Berinmos est perçue comme deux couleurs différentes par les Européens (le vert et le bleu).
Catégories de couleurs discernées par un Européen (à gauche) et un Berinmo (à droite).
                    Ce que les élèves voyaient...
 Source : Dossier Pour la science, La couleur
(Le nuancier original est celui de Munsell : Wikipedia (fr) , Wikipedia(en) plus clair;
on peut trouver une explication sur l'utilisation du nuancier avec le Berinmos sur internet à l'adresse (en anglais) : http://cognitrn.psych.indiana.edu/rgoldsto/perlearn/berinmo.pdf
ou un document du niveau 1E-L à l'adresse:  http://www.laplaneterevisitee.org/fr/190/identification_des_couleurs_chez_les_papous)
 
Document 2 a : Cônes et vision des couleurs chez l’Homme

Type de cônes fonctionnels
Cônes S Cônes M Cônes L
Maximum d’absorption des photorécepteurs (en nm) Autour de 437 Autour de 533 Autour de 564
Vision normale = vision trichromate X X X
Vision anormale = vision dichromate Type de daltonisme Protanope X X
' ' Deutéranope X
X
' ' Tritanope
X X
X = présence de cônes

Document 2 b : récepteurs de la rétine présents et fonctionnels chez les Bérinmos
 
Source : d’après http://artic.ac-besancon.fr
Document 3 a :
Les linguistes ont [...] tenté d’enseigner à des anglophones la distinction nol/wor, et à des Berinmos, les distinctions bleu/vert [...]. Ils ont aussi enseigné aux deux groupes une distinction arbitraire qui n’existe dans aucune des deux langues : vert 1 et vert 2. Les Berinmos ont appris avec la même difficulté à distinguer le bleu du vert que le vert 1 du vert 2. À l’inverse, les Anglais ont eu plus de facilité à différencier le vert 1 du vert 2 que le nol du wor. La perception de couleurs différentes est plus facile lorsque les couleurs correspondent à une distinction linguistique acquise depuis longtemps. Les chercheurs ont conclu de ces résultats que l’influence du langage est prépondérante dans la catégorisation des couleurs. La façon dont on évoque un objet oriente sa perception.
Source : d’après dossier Pour la science, La couleur

Document 3 b : à propos de la plasticité cérébrale

L’apprentissage va renforcer ou affaiblir des connexions synaptiques préexistantes ou en développer de nouvelles. Apprendre modifie donc la structure du système nerveux central. Chaque fois que nous apprenons quelque chose, des circuits nerveux sont modifiés dans notre cerveau.
Ainsi l’apprentissage et les expériences modifient la façon dont le cerveau va traiter les informations.
Source : d’après http://www.cite-sciences.fr

QUESTION
On cherche à expliquer la différence de perception des couleurs entre Berinmos et Européens.
A l’aide des connaissances et des documents, expliquer pour chacune des hypothèses, si celle-ci peut être validée ou non en présentant les arguments utilisés.
ÉLÉMENTS DE CORRECTION (barême officiel)
H1 - impossible : le daltpnisme correspond à l'absence ou au non fonctionnement d'au moins un type de cônes. Les trois types de cônes sont présents et fonctionnels chez les Berinmos.
H2 - impossible : les trois types de photorécepteurs de la couleur (= les cônes) ont des maximums d'absorption qui correspondent à ceux donnés pour l'espèce humaine. Les cônes fonctionnent donc de la même manière pour les Européens et les Bérinmos.
H3 - possible : les expériences (document 3) montrent qu'il est plus facile d'apprendre à distinguer deux couleurs lorsque ces couleurs ont été apprises et nommées depuis l'enfance. Or l'apprentissage se base sur la possibilité d'une réorganisation des connexions entre neurones ou plasticité cérébrale. Cette différence de perception mettrait en jeu un apprentissage différent des coulurs et des phénomènes de plasticité cérébrale.