PARTIE 1 (8 points) - NOURRIR L'HUMANITÉ

La rizipisciculture est une association de la culture du riz et de l'élevage de poissons très utilisée en Asie et dans certains pays d'Afrique.

Des poissons dans les rizières

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Document 1 : organisation des canaux en rizipisciculture
La rizipisciculture nécessite des transformations des rizières : construction de petites digues, d'étangs refuges et de canaux. L'étang refuge permet aux poissons un accès à la nourriture quand le niveau de l'eau baisse et facilite leur pêche. La rizipisciculture nécessite l'achat d'alevins* qui seront introduits dans les rizières.

* jeunes poissons

D'après www.ag.aubrun.edu (introduction à la rizipisciculture) Riz Riz Etang-refuge

Document 2 : actions des poissons sur l'écosystème rizière.
[ ..] Les systèmes riz-poisson peuvent améliorer les fertilisations du sol via les excréments des poissons (permettant une réduction de l'usage d'engrais par rapport à la riziculture classique). De plus, les poissons dévorent les insectes et les mollusques aquatiques qui pullulent dans les rizières et se nourrissent des jeunes pousses de riz. Les poissons protègent donc les plants de riz sans qu'il soit nécessaire de recourir aux pesticides. D'autre part le fait de laisser la rizière en eau réduit aussi la pousse des mauvaises herbes et donc l'utilisation de désherbant.

D'après ENGREF Centre de Montpellier. Mars 2007

Document 3 : rendements piscicoles et du riz lors d'une expérimentation menée en 2000 et 2001 en Guinée. (D'après Pisciculture Extensive en Guinée Forestière. Modèle de développement intégré et rizipisciculture)


*L'espèce Oreochromis.nilocitus est l'espèce introduite pour la pisciculture. L'espèce Tilapia zillii est une espèce sauvage, présente naturellement dans les rizières.

Commentaire rédigé :
Monsieur T. est responsable du développement de nouvelles formes d'agriculture. Il doit rédiger un rapport sur le projet d'installation d'une rizipisciculture dans un village de Guinée forestière, projet dont l'objectif est d'améliorer les conditions de vie et la santé des populations tout en préservant l'environnement.
Rédigez le rapport de ce responsable.

Vous développerez votre argumentation en vous appuyant sur les documents et vos connaissances (qui intègrent entre autres les connaissances acquises dans différents champs disciplinaires).


Corrigé personnel (forme non respectée)

L'idée originale consiste à utiliser un même milieu pour une culture (riz) et un élevage (poisson). On a donc un agrosystème, écosystème contrôlé par l'homme grâce à l'apport d'intrants et à l'export d'extrants (les productions) qui va produire à la fois des végétaux (une production primaire) et des animaux (une production secondaire, de consommateurs). On contrôle l'agrosystème aux deux niveaux (trophiques).
Il faut cependant noter que, traditionnellement (comme le montre la première colonne du doc 3) on pêchait les poissons naturellement présents dans les rizières (Tilapia). L'amélioration apportée ici consiste essentiellement à contrôler l'écosystème où évoluent les poissons pour le transformer en pisciculture.

Les apports consistent en :
- la construction de "casiers" de 600 m2 séparés par des digues permettant la formation d'un étang-refuge entre les parcelles cultivées;
- l'introduction d'alevins d'Oreochromis.nilocitus, sachant que l'espèce Tilapia zillii est endémique (déjà naturellement présente dans l'écosystème).
- l'apport de son comme aliment complémentaire pour les alevins

Les exports sont de deux types :
- le
riz dont les rendements passent à 1,65 t/ha soit une augmentation de 10%
- le
poisson dont les rendements sont multipliés par plus de 3 (mais il faut aussi tenir compte des alevins introduits et du son, ce qui diminue le rendement économique).

En plus des intérêts concernant les productions de l'agrosystème il existe des intérêts écologiques qui profitent à l'écosystème et augmentent secondairement les rendements de production :
- la fertilisation naturelle par les déjections azotées des poissons (doc 2), leur prise en charge par le complexe argilo-humique, favorise l'absorption retardée des ions ammonium par le riz, alors que les nitrates sont lessivés : il est clair qu'ainsi on évite l'apport d'
engrais azoté à la culture ;
- las poissons consommant les petits invertébrés réalisent une lutte biologique contre les ravageurs du riz, ce qui évite l'apport de
pesticides
- la mise en eau permanente des rizières évite l'utilisation de
désherbants plus ou moins sélectifs lors des périodes d'émersion.

En conclusion, une idée intéressante serait de signaler que l'on pense actuellement que la riziculture inondée est une grande source de méthane, gaz à effet de serre, et qu'elle pourrait être avantageusement remplacée par des techniques où l'on fait varier le niveau de l'eau et où la plante se développe principalement à l'air libre, en limitant la fermentation des matières en décomposition dans l'eau. Voir cet article de Ouest France du 8 septembre 2015 par exemple:
article Ouest France